Les producteurs de drogue de Ketama sont-ils en train de solder leurs stocks en prévision de la nouvelle production de haschich ? C'est la question que se sont posés de nombreux observateurs et spécialistes dans la lutte contre les stupéfiants. Hier, alors que les Douanes algériennes annonçaient une nouvelle saisie de kif traité à Maghnia, le site Mondial Info faisait état, dans un de ses articles, d'une saisie, la même journée, de 5,7 tonnes de haschich destinée au marché belge. Ces derniers jours, les services de sécurité algériens et leurs homologues des Douanes ont fait état de grandes quantités de drogue saisies aux frontières. Les trafiquants n'hésitent plus à s'aventurer avec de grosses cargaisons pour tenter de passer l'écueil des contrôles aux frontières et faire entrer leurs marchandises. Curieusement, les réseaux qui n'hésitent plus à sacrifier leurs cargaisons pour échapper aux services de sécurité ont réactivé les pistes du nord-ouest en optant pour des tentatives de passage en masse par les routes de la wilaya de Tlemcen. «Les événements au nord du Mali ont poussé ces trafiquants à abandonner les pistes du sud. Plusieurs réseaux de trafiquants qui avaient réussi à faire la jonction avec ceux spécialisés dans le trafic des armes et les groupes terroristes se sont détournés des pistes du sud par mesure de précaution. «La situation dans ce pays est confuse et ils ne veulent pas compromettre leur business, tant que leurs acolytes n'ont pas réussi à imposer leur mainmise sur les voies de la contrebande et des autres trafics», affirme une source très au fait de la lutte contre les stupéfiants. Cette façon d'agir, exporter de nombreuses quantités grâce à de nombreuses opérations à partir des zones de stockage dans le Rif marocain est une nouvelle tactique adoptée par les trafiquants. Les dernières expéditions ne sont pas l'œuvre de seconds couteaux, mais bien de barons ayant probablement des intérêts dans les champs de production au Maroc. «Il faudrait lier ces vagues de saisies à la dynamique de lutte mondiale contre le trafic de drogue. La situation politico-économique dans la zone euro, les troubles que vit la région du Sahel et l'instabilité qui marque la situation actuelle en Tunisie, en Libye et en Egypte, ont favorisé cette nouvelle tactique des réseaux de trafic mondial de drogue. Il faut s'attendre également à la collusion des réseaux qui contrôlent la production de haschisch et de résine de cannabis au Maroc avec ceux spécialisés dans la production de cocaïne et qui utilisent la voie de la Guinée Bissau pour transiter par le Sahel et l'Afrique du Nord (qui n'est pas encore considérée comme marché porteur) et, enfin, alimenter le marché de Rotterdam, véritable plaque du trafic international de toutes les drogues», affirme la même source.