Le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) revient à la charge pour s'attaquer au directeur de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou qu'il accuse d'«abus d'autorité et de gérer le secteur de l'éducation de la wilaya telle une propriété privée où il se permet même d'ignorer les lois de la république». C'est du moins ce qu'a déclaré hier Boualem Amoura, secrétaire général du Satef lors d'un point de presse qu'il a animé au siège du syndicat à Tizi Ouzou. Le collectif des victimes d'abus d'autorité du directeur de l'éducation, récemment créé, s'est également joint à la conférence. M. Amoura a réitéré à l'occasion la demande de son syndicat qui réclame depuis près de deux ans l'envoi d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur «les dépassements» du directeur et sa gestion jugée «opaque», notamment en ce qui concerne le service paie. Faisant le bilan de l'année qui vient de s'achever, le SG du Satef déclare que «ces bons résultats de la wilaya de Tizi Ouzou aux examens de fin de cycle sont le voile qui cache la mauvaise gestion du secteur». Cependant, le Satef, dit-il, reste confiant quant à l'aboutissement de son combat et la venue d'une commission d'enquête. «Qui protège ce directeur ?», «que veut-on cacher à Tizi-Ouzou ?» écrit le Satef dans une déclaration remise à la presse, dans laquelle il s'interroge par ailleurs sur les motifs du refus du ministère de l'Education d'envoyer une commission d'enquête à Tizi Ouzou, alors qu'il le fait pour d'autres wilayas. Sur sa gestion administrative, Amoura dira qu'«il est anormal que l'actuel chef du service paie soit maintenu à son poste alors qu'il a laissé un trou de 1,3 million DA à Boghni où il travaillait avant». Grave accusation encore, celle relative à «la subvention de l'école primaire de Sidi Khaled à Tigzirt, alors que l'établissement est fermé». C'est dire que détournement il y a quelque part. Lors des dernières élections législatives, affirme Amoura, le CEM Tala Ililane dans la commune d'Ath Aissa Mimoune a été choisi pour abriter la restauration des agents de bureau, mais le médecin désigné avant pour inspecter le réfectoire de l'établissement avait refusé de donner le feu vert pour ce choix. «Nos enfants mangent donc à longueur d'année dans ce réfectoire dépourvu de toute norme d'hygiène sans que le directeur s'en soucie !» déplore le même orateur. S'agissant des victimes de «l'abus d'autorité» du directeur de l'éducation, Noureddine Khaldi, plusieurs syndicalistes, fonctionnaires et enseignants ont relaté leurs témoignages, à l'instar de Mlle Karima Chebbah, enseignante en langue amazigh qui s'est vue rétrogradée à l'enseignement primaire alors qu'elle est titulaire d'une licence en cette langue. Pis, après avoir passé un concours pour accéder à l'enseignement secondaire, qu'elle aura avec succès (4e parmi les 20 retenus), elle sera refoulée d'une formation destinée aux PES avant qu'on lui demande de signer un engagement de désistement du poste. Des anomalies qu'elle ne comprend pas jusqu'à présent. «Ce n'est qu'en 2010 que j'ai pu voir le DE après près de deux ans de demandes d'audience», regrette-t-elle. Amar Arab, intendant au lycée Fadhma n'Soumer, est «suspendu arbitrairement» de son poste depuis septembre 2009 et est toujours sans salaire. Malgré trois décisions de justice depuis 2010 ordonnant la réintégration de M. Arab à son poste, la direction de l'éducation ne l'appliquera pas. Une autre enseignante raconte le harcèlement moral qu'elle a dû subir de la part du directeur, qui lui a interdit aussi, selon elle, «l'accès à la DE». Nombreux sont les cas d'intimidation et de violation de la loi soulevés par les présents à la conférence qui ont réitéré l'appel au départ du directeur de l'éducation de wilaya.