Ce samedi 26 novembre 2011, le train Tlemcen - Oran, qui prend le départ à 5h50 du matin accuse un retard de plus de 40 minutes, les usagers de cette ligne ont du prendre leur mal en patience avant que le train n'arrive de Maghnia. Les usagers sont surpris en montant dans le train bondé de marchandises de tout genre, emballées dans des cartons et dans des grands sacs en plastiques, des produits de beauté, des théières, des habits…etc. Bien emballés et entreposés sur les portes bagages mais aussi sur et sous les chaises, on avait l'impression d'être dans un train de transport de marchandises et non de voyageurs. C'est ce qui explique ce retard inattendu peut être car les différents travailleurs de la SNTF, interrogés, esquivent la question. Les « bezenassas », dont la plupart sont des jeunes, voyagent beaucoup la nuit pour éviter les barrages et optent ces dernières années pour ce moyen de transport car plus confortable mais aussi moins contrôlé par les différents services concernés, qui auraient peut être passés un pacte moral avec ces marchands informels. Il y a aussi des femmes, au moins une dizaine, elles s'adonnent à cette pratique, qui leur permet de vivre et de subvenir aux besoins de leurs familles. Ahmed reconnait que certaines fois ça marche très bien d'autres fois moins bien mais tant qu'il n'y a pas d'impôt à payer, on est vraiment tranquille et puis on n'est pas obligé d'avoir un registre et louer un local car c'est vraiment couteux pour nous, on est des pauvres, qui travaillent durement pour subvenir aux besoins de leurs familles souvent nombreuses. Le receveur était vraiment agacé par l'attitude de certains d'entre eux, qui ne respectaient pas les autres voyageurs en bavardant à haute voix et en fumant alors que le panneau défense de fumer est lisible dans chaque wagon. Il était obligé d'intervenir à chaque fois pour demander à ce qui ne respectent pas la consigne d'éteindre leurs cigarettes, certains s'exécutaient sans brancher d'autres le faisaient en rechignant. Beaucoup de Bezenasas préfèrent voyager debout et cela pour mieux surveiller leurs marchandises et celles des autres, ils se mettent dans les couloirs car les voleurs ne sont jamais trop loin et connaissent les moindres déplacements de ces « trabendistes », ils sont prêts à profiter d'un moment d'inattention pour piquer un coli, qui leur rapportera gros. A Ain-El-Berd, les voyageurs sont contraints d'attendre le passage du train qui vient d'Oran, durant plus de 20 minutes, ils ont beau réclamer mais rien à faire, il faut attendre que l'autre train passe. Ce n'est qu'à 9h15 que le train arrive à la gare de plateau (Oran), avec plus d'une heure de retard. Les « bezenassas » n'attendent même pas que les passagers descendent tous du train pour faire descendre leurs gros paquets, ce qui exacerbe un jeune étudiant, qui s'accroche avec l'un d'eux et lui dit : »on a du vous attendre durant plus de 40 minutes à Tlemcen et maintenant on doit aussi vous attendre, et puis quoi encore, on fait descendre avec vous vos trucs ! ». Un « trabendiste » âgé de la quarantaine intervient et demande des excuses car il savait que s'il s'engageait dans une dispute cela allait se retourner contre eux. Les supplices des voyageurs ne sont pas encore terminés et ils doivent faire une chaine pour sortir de la gare car ils doivent présenter leurs billets aux contrôleurs, qui de leur côté ne présentent aucune excuse sur le retard de 40 minutes ! Comme si de rien n'était et que l'on nous parle pas du développement du tourisme en Algérie… Les trabendistes quittent l'aérogare avec des paquets pleins les bras et d'autres sur des chariots, apparemment cela ne dérange personne et les policiers sur place ne semblent pas se soucier du contenu de ces paquets. Franchement, on ne voit pas pourquoi l'état injecte des sommes colossales dans les entreprises afin de les redynamiser et pour la création de nombreux postes d'emplois alors que d'un autre côté, on tolère que des marchandises, qui rentrent par les frontières soient écoulées librement et viennent inonder le marché. On ne pourra jamais donner une chance au produit local de cette manière, il faut savoir ce que l'on veut, l'intérêt du pays ou celui d'une frange de la société qui s'est déjà assez enrichie sans rien payer en contre partie…