Le représentant du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Dr Mohamed Yousfi, a tenu hier au siège de la Résidence familiale d'Hussein Dey une conférence de presse pour faire le point sur la situation «critique» que vit le système de la santé. Le conférencier a fait part des transgressions perpétuelles du ministre de la Santé qui n'avait cessé d'affirmer que les syndicats de la santé publique n'étaient plus habilités à exercer leurs fonctions en raison de l'expiration de leur mandat et qui persiste à refuser de recevoir ces syndicats même après leur congrès. «Qu'attend le ministre pour réagir maintenant qu'on a renouvelé nos instances ?», lancera-t-il en direction de la tutelle. Le ministre qui poursuit ses déclarations «mensongères» concernant le manque de médicaments n'a pas l'air de connaître la réalité du terrain ou bien fait semblant d'ignorer ce qui ce passe.» Les responsables du secteur ont des intérêts, il y a à boire et à manger dans le marché du médicament», a indiqué le Dr Yousfi. Le constat sur la pénurie de médicaments qui met en évidence l'absence de plus de 89 médicaments a été fait par des enquêteurs du ministère de la Santé eux-mêmes, alors que le ministre Djamel Ould Abbas nie les faits. «C'est aberrant, ça dépasse tout entendement, comment continuer dans cette ignorance alors que les malades souffrent, ne trouvent pas de médicaments», dira-t-il. Les 89 médicaments qui manquent au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux représentent une partie des médicaments qui sont absents, il reste aussi ceux des pharmacies qui ne disposent pas de stocks», précise-t-il. L'Algérie dispose d'importants moyens matériels et humains pour avoir le meilleur des systèmes sanitaires, «Où va cet argent», s'interroge-t-il. Le ministre a déclaré récemment que la pénurie n'est plus d'actualité, parce qu'une petite quantité de médicaments a été commandée et acheminée au niveau de la PCH, mais depuis, le stock a été épuisé et la commande n'a pas été renouvelée. «C'est une gestion des plus désastreuses, on ne peut pas faire pire», précise-t-il. Le silence des pouvoirs publics Depuis plus de trois mois, lorsque l'intersyndicale s'est réunie et s'est entendue à saisir le président de la République pour lui faire part de la «déliquescence» qui caractérise le secteur, entre mauvaise prise en charge des malades, et absence de médicaments, de matériels, etc., les pouvoirs publics n'ont pas encore réagi. «Ils consentent à cette situation, il n'y a plus d'Etat dans notre pays, on va droit vers le précipice», a-t-il souligné. Il mettra en avant le fait que l'Algérie était le premier pays qui a lutté contre la propagation de la tuberculose en ratifiant en avant-gardiste la convention de lutte contre cette maladie et en adoptant un programme pour l'endiguer, se retrouve en dernier plan et manque d'antituberculeux. «On recule de plus en plus, c'est à se demander quelle politique sanitaire est adoptée dans notre pays ?», s'indigne-t-il. Il annoncera également que le Bureau international de travail (BIT), qui a été saisi depuis des mois, a répondu à leur requête et a demandé, au gouvernement algérien, des explications. «Nous attendons la réaction des pouvoirs publics sur ce sujet», affirme-t-il. En tout état de cause, les syndicats autonomes restent la «bête noire» du ministère de la Santé, qui continue de multiplier la répression en leur direction et lors des comités interministériels où ils doivent obligatoirement assister, et fait appel à des représentants des différents corps de la santé qui ne sont pas affiliés aux syndicats. En dernière instance, le président du SNPSP réitérera sa demande vers les pouvoirs publics afin d'amender le nouveau statut des corps médicaux et de relancer le concours national des spécialistes.