De nombreux habitants de Benfréha se sont mobilisés pour faire circuler une pétition qui sera adressée aux autorités locales. Ce document constitue un véritable réquisitoire contre le Centre d'enfouissement technique (CET) des ordures, ouvert il y a environ deux mois dans la localité de Hassi Bounif. Les habitants se disent agressés par les odeurs nauséabondes qui se dégagent chaque soir de ce site utilisé pour le déversement et le traitement des ordures ménagères de 13 communes de la wilaya d'Oran. Selon des habitants que nous avons rencontrés jeudi, les mauvaises odeurs enveloppent le village dès la tombée de la nuit. L'air devient irrespirable. «Ceux qui souffrent le plus de cette situation sont les personnes asthmatiques», affirment nos interlocuteurs en précisant que «les responsables concernés doivent se pencher sur ce phénomène qui commence à nous causer de gros problèmes. Ce centre vient à peine d'entrer en activité, quel sera notre sort dans deux ans quand ses équipements commenceront à vieillir ? Allons-nous subir le même sort que les habitants d'El-Karma lorsque la décharge publique était encore ouverte dans cette localité ? se demandent nos interlocuteurs inquiets. Pour en savoir plus sur la question, nous nous sommes rendus au niveau du CET dans l'espoir de rencontrer le directeur. Malheureusement, c'est un autre responsable qui nous a reçus en nous indiquant que le premier responsable du centre était occupé et que c'était lui qui le secondait. Il ne manquera pas dans la foulée de nous informer qu'il ne pouvait nous faire aucune déclaration sans une autorisation de la wilaya ou de la direction de l'environnement. Mais le plus étonnant, c'est l'interdiction qui a été faite par l'agent de sécurité de prendre une photo de la façade du CET où il n'y a que des murs, un poste de gardiennage et deux bureaux. «Non c'est interdit de prendre des photos», nous a-t-il dit, alors qu'aucune plaque sur ce lieu «stratégique» ne mentionne cette interdiction. Cet interdit nous a été confirmé même par le responsable qui nous a reçus, ce qui nous amène à poser la question suivante : qu'y a-t-il de secret dans cette décharge ? Que veut-on cacher en ces temps où la photo satellitaire est devenue un moyen à la merci du premier internaute en herbe ? Les responsables qui interdisent aux journalistes de prendre des photos d'une façade de bâtiment ou d'un mur de clôture ignorent qu'il existe des satellites capables de détecter une pièce de monnaie tombée à terre qui font quotidiennement le balayage du globe terrestre et qu'il n'existe plus aucun secret. Ignorent-ils que dans les pays développés, les décharges publiques sont de véritables industries où, à partir d'ordures ménagères, on produit à titre d'exemple de l'énergie électrique qui alimente plusieurs cités. Allez, changez de comportement et prenez au sérieux les doléances des habitants de Benfreha qui semblent avoir peut-être mis à nu des insuffisances ou des défauts de conception de ce centre d'enfouissement annoncé en grande pompe.