Rencontré, jeudi dernier, à Kidal, Ahmed Ag Bibi, numéro deux du mouvement Ançar Eddine, a bien voulu accorder un entretien au Temps d'Algérie, au cours duquel il a évoqué le Mujao, Aqmi et la position algérienne pour le règlement de la situation au nord du Mali. Le Temps d'Algérie : Qu'est-ce qui bloque, actuellement, une solution politique à la situation au Mali ? Ahmed Ag Bibi : La solution politique ne peut avoir lieu que quand il y aura un gouvernement officiel qui bénéficie du consensus au pays. Pour le moment, ce gouvernement, et selon ces critères, n'existe pas encore. Il faut négocier pour trouver une solution politique. Vous, mouvement Ançar Eddine, êtes présentés par une certaine presse comme étant des terroristes. Que répondez-vous ? C'est la presse occidentale, en particulier la presse française, qui, à travers certains médias, comme France 24, s'acharne contre notre mouvement, l'accusant à tort d'être un mouvement terroriste. Ça entre dans le cadre de l'islamophobie. Que dites-vous aux partisans de l'intervention militaire étrangère au nord du Mali ? L'intervention étrangère ne sert pas les intérêts des Maliens, ni du Mali. Nous avons vu ce que sont devenus les pays dans lesquels il y a eu interventions militaires étrangères. Ce sont les pays musulmans qui doivent trouver des solutions aux problèmes des autres pays musulmans, sur la base de la Charia (loi islamique) et non sur la base des lois occidentales. Nous sommes musulmans sunnites et l'application de la Charia est une obligation pour chaque musulman. C'est notre but, l'application de la Charia. Que pensez-vous de la position algérienne consistant à chercher une solution politique à la crise à l'ensemble du Mali ? Nous sommes avec la position algérienne. Nous sommes pour une solution politique. Nous sommes avec le point de vue algérien. L'Algérie doit jouer un rôle. Pensez-vous que l'Algérie a les capacités pour jouer ce rôle ? Oui, l'Algérie a les capacités pour jouer un rôle principal dans le règlement de cette situation. L'Algérie a les capacités de jouer un rôle au niveau régional et international. Avez-vous des liens avec le Mujao et/ou Aqmi ? Nous n'avons rien avec ces deux organisations et nous ne partageons rien avec eux. Le Mujao a enlevé sept diplomates algériens et commis deux attentats en Algérie. Comment qualifiez-vous ces pratiques ? Nous sommes contre ces pratiques et nous n'avons rien à voir avec le Mujao. Il est dans sa place, nous sommes dans la nôtre. Justement, le Mujao contrôle la ville de Gao limitrophe avec la ville de Kidal contrôlée par Ançar Eddine. Vous attendez-vous à des affrontements entre le mouvement auquel vous appartenez et le Mujao ? Nous sommes à notre place, ils sont dans la leur. Le mouvement Ançar Eddine cherche à appliquer la Charia sur l'ensemble du territoire du Mali. Gao fait partie du pays. L'affrontement ne vous semble pas inévitable ? Nous voulons appliquer la Charia uniquement à Kidal, et non sur l'ensemble du territoire malien. Comment avez-vous décidé de porter les armes ? Ançar Eddine est un mouvement composé d'uniquement des autochtones. C'est un mouvement qui existe avec les révolutions et la rébellion depuis 1963. Nous sommes pacifistes mais nous avons été contraints de prendre les armes. Entretien réalisé