Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) s'autoproclamant comme une aile dissidente d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est-il le groupe terroriste armé le plus redoutable au nord du Mali ? La réponse ne peut être que positive, lorsqu'on sait qu'il s'agit du groupe armé le plus nanti tant il est formé par des gangs du narcotrafic. Mais aussi et surtout, parce qu'il s'est accaparé d'une grande partie des armes lourdes en provenance de la Libye. Profitant de la situation de désordre, une véritable pétaudière, qui prévaut dans le Nord depuis le putsch militaire, le Mujao ne rate aucune occasion pour renflouer davantage ses caisses en optant pour des kidnappings, outre le pillage des villes. C'est ainsi qu'il a sévi, à Gao, contre le consul algérien et les membres de sa mission, pour les tenir en otage depuis le 3 mai dernier. Une rançon de 15 millions d'euros est revendiquée contre leur libération. Pourquoi le Mujao n'avait-il pas agi de la sorte avant que le régime ATT ne soit renversé ? C'est la question que se posent, aujourd'hui, des responsables d'Ançar Eddine, lesquels affirment être entrés en négociations avec le Mujao en vue de la libération des otages algériens. “Oui, nous sommes en train de négocier avec eux, (les membres du Mujao ndlr), pour les libérer. Les otages algériens sont des innocents et sont nos frères musulmans. Nous avons expliqué aux ravisseurs que nous avons un problème avec l'Etat malien et non pas avec l'Algérie, ce pays avec lequel nous avons des liens historiques et qu'on ne peut jamais oublier. Nous insistons à ne pas monnayer l'Algérie qui représente un atout précieux pour le Mali et l'Azawad”, nous confie Ahmada Ag-Bibi, rencontré à Gao. Notre interlocuteur affirme néanmoins que les otages algériens “se portent bien”. À rappeler que le Mujao a procédé à l'enlèvement du consul algérien et de six membres de sa mission, dans la matinée du 3 mai dernier à Gao. Le Mujao est également l'auteur de l'enlèvement, le 23 octobre 2011 à Tindouf, de trois humanitaires européens : un homme et une femme espagnols et une Italienne. Pour la libération des deux femmes du groupe, il réclame une rançon de 30 millions d'euros plus la libération de deux Sahraouis arrêtés par la Mauritanie. Le vaste plateau désertique allant de Tessalit (à l'extrême nord du Mali) jusqu'à Gao est désormais défini comme étant le fief du Mujao, où il occupe, en solo, certains villages. F. A.