Depuis mercredi, jour de la reprise de la grève des travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda, un mouvement de protestation qui s'inscrit apparemment dans la durée, la pénurie de lait en sachet a refait surface à Tizi Ouzou. Il est presque impossible, en effet, de trouver un sachet de lait à travers toutes les localités de la wilaya au-delà de 9 h. Plus de la moitié des communes ne sont pas approvisionnées depuis le premier jour de la grève. Les citoyens se ruent ainsi sur le lait en poudre qui revient plus cher. Dans la ville de Tizi Ouzou, d'interminables files se forment chaque matin devant les magasins d'alimentation générale en quête de lait, liquide nourricier de première nécessité. «Chaque matin, je me pointe devant l'épicerie du quartier. Après presque une heure d'attente, on aura droit à 4 sachets de lait seulement. Vraiment c'est infernal», nous déclara un habitant de la nouvelle ville de Tizi Ouzou. Même topo pratiquement au niveau de toutes les localités de la wilaya. Les commerçants, quant à eux, ont toutes les peines du monde à distribuer la quantité de lait en sachet qu'ils reçoivent. Les vendeurs font face parfois au mécontentement des consommateurs. Une quantité jugée largement insuffisante devant la forte demande des consommateurs, surtout durant cette période de grandes chaleurs où les vendeurs de glaces s'accaparent d'importantes quantités de lait en sachet. Par ailleurs, une source nous indique qu'une quantité de 60 000 litres de lait en sachet est toujours en stock à la laiterie de Draâ Ben Khedda. Un responsable de l'unité avait déclaré hier sur les ondes de la radio locale de Tizi Ouzou «qu'il est impératif de distribuer cette quantité avant sa péremption». Il est utile de signaler qu'un sachet de lait coûte ces jours-ci 30 dinars voire plus, alors que son prix initial est de 25 dinars. Certains commerçants malhonnêtes n'hésitent pas à profiter de cette crise pour vendre le lait pour s'enrichir. «C'est vraiment scandaleux de voir des commerçants afficher les prix à leur guise des produits alimentaires de première nécessité sans qu'aucun responsable n'intervienne. C'est le pauvre citoyen qui paye toujours les conséquences. Où est l'Etat ?» s'indigne une femme rencontrée dans un supermarché à la ville des Genêts. Notons que la laiterie de Draâ Ben Khedda, située à 10 km de la ville de Tizi Ouzou, assure, à elle seule, la production de plus de 300 000 litres de lait quotidiennement. Cette unité couvre plus de 80% de la consommation de lait à Tizi Ouzou. Les 370 travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda ne sont pas près de reprendre leur travail. Ils comptent maintenir leur grève tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites par l'administration avec laquelle ils ont engagé un bras de fer depuis plus de 10 mois. Ils réclament essentiellement les résultats de l'enquête interministérielle diligentée depuis 4 mois sur la gestion de cette laiterie, privatisée, pour rappel, en 2008.