Après le temps des juke-boxes, la Vespa et les chemises à fleurs, la mode était aux surprise-parties organisées discrètement, aux cheveux longs et aux pattes d'éléphant. Ce bon vieux temps était rythmé par des jeunes musiciens organisés en groupes. A la fin des années soixante, au moment où les chansons Rain and Tears et It's Five a Clock des Aphrodites Child, le groupe de Demis Roussos passaient tout le temps à la radio et les disques des Beatles battaient tous les records de vente, les jeunes s'étaient mis aux rythmes des «quatre garçons» en mettant l'inoubliable pantalon pattes d'éléphant, en laissant pousser les cheveux et surtout en écoutant les groupes de l'époque, tels que les Sun Light's, les Rolling Stones, Deep Purple, Pink Floyd et les Whoo. Les jeunes musiciens algériens se sont également organisés en groupes pour reprendre les succès de leurs idoles. Vu le grand nombre de groupes qui donnaient des concerts au niveau des night-clubs, tel que Dar El Alia ou à la Madrague, on ne se souvient que de quelques-uns, notamment les Algier's ou les Freedom's qui viennent de signer leur grand retour en acceptant l'invitation de l'Etablissement arts et culture. Au début des années soixante-dix, les deux frères Malik et Yacine Bach Amar, qui faisaient de la plongée sous-marine, ont quitté leur quartier de Bologhine pour se baptiser les Turkish Blend. Les deux garçons aux cheveux longs sont devenus très célèbres et les anciens retiennent toujours les refrains de leurs tubes Tu vas, tu viens et Lyria. Au moment où les frères Megri (des Marocains) chantaient Heya essemra et Lili touil, les Megri algériens ont suivi leur voie en enregistrant des 45 tours, mais sans atteindre la célébrité des Megri marocains. A l'Est, c'était les Beatles sétifie ns qui sortaient du lot alors que des chanteurs engagés avaient créé le groupe Debza à Alger. Le groupe Khindjer s'était fait également une bonne place grâce à des musiques et des arrangements réussis. L'Oranie avait aussi connu la création de beaucoup de groupes, mais dans un autre style. Les Raïna raï de Sidi Bel Abbès avaient pris une bonne place avant de se séparer. Leur chanteur avait acquis une notoriété grâce à son jeu de scène. Au même moment deux duos sont apparus. La musique au lycée Les berbères à l'Est avec leur succès Bechtoula et KG2 à Alger. Les lycéens qui animaient les foyers pensaient déjà à la création de leurs groupes et c'est ainsi qu'en allant vers l'université, nos artistes étaient prêts à passer à l'attaque. La présence de dizaines de groupes encourageait les musiciens à travailler sérieusement. Les Ramses, dont le chanteur Dahmani a enregistré un album avec l'orchestre de l'Académie royale britannique, était parmi les meilleurs. Le chanteur Khaled Louma, le virtuose soliste Mourad Rahali et le regretté batteur Omar Amroune, qui répétaient dans la chambre 34 du bâtiment T de la cité universitaire de Ben Aknoun, avaient décidé de donner le numéro de cette chambre à leur groupe. Pur hasard, ce nom rappelle le char russe T34 et le groupe allait foncer directement pour accumuler les succès. Très audacieux, les T34 décident de chanter le rock en arabe et la réussite les attendait. Plusieurs tubes seront repris par les jeunes avant que le groupe n'enregistre sa seule cassette avec les titres phare Madir walou, Boualem el far, Jamais eddoukh... «Bled Music» Les T34, qui ont fait leur retour en passant par le théâtre de Verdure, préparent actuellement l'album qui confirmera leur retour après le décès de Omar le batteur. Quant à Dahmani, l'ex-chanteur des Ramses qui a décidé de mener une carrière en solo, ses capacités vocales sont reconnues par de grands musiciens et chanteurs européens ; sa vie est partagée entre la France et le Maroc où il se produit régulièrement. La télévision algérienne, qui est appelée à présenter une nouvelle grille, pourrait programmer ces chanteurs de talent. Le retour d'une émission comme «Bled Music» ferait du bien à tous.