Resté dans l'ombre depuis plusieurs années, l'Algérien Lakhdar Brahimi, diplomate onusien de renommée internationale, se voit subitement propulsé sur le devant de l'actualité nationale et mondiale. Il est désormais l'élément clé dans la gestion du dossier syrien sur lequel sont braqués les regards du monde entier. En effet, à en croire l'agence Reuters, Lakhdar Brahimi qui était pressenti depuis des jours déjà pour succéder à Kofi Annan qui démissionnait de son poste d'envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe en Syrie aurait finalement donné son accord pour assumer cette mission délicate. Le diplomate algérien «reprendrait, dès la fin août, le flambeau de médiateur international pour la Syrie, que Kofi Annan avait abandonné après que son plan de paix a été entravé par des divisions au sein du Conseil de sécurité de l'Onu», a indiqué jeudi dernier l'agence Reuters. * La même source ajoute que M. Brahimi aurait aussi émis une série de conditions que Ban Ki-moon, le SG de l'ONU, devrait satisfaire préalablement à sa nomination en tant que médiateur pour la Syrie. Les exigences que le diplomate algérien à émis à l'ONU ont été d'ailleurs acceptées sans la moindre difficulté par son secrétaire général et celles-ci ont trait, selon la même source, à la modification de la nature de son mandat et sa dénomination. En décodé, M.Brahimi ne représenterait que la seule organisation onusienne dans le cadre de sa nouvelle mission de médiateur international en Syrie et ce, contrairement à Kofi Annan qui était à la fois l'envoyé spécial de l'Onu et de la Ligue arabe. Durant sa mission, M. Brahimi – un choix auquel les Syriens sont aussi favorables – siégerait à New York (USA) et non pas à Genève (Suisse) comme c'était le cas pour son prédécesseur. Une mission périlleuse Quelle que soit la perspicacité, la clairvoyance et la finesse dont pourrait jouir un diplomate de la trempe du docteur Lakhdar Brahim, le fait de s'attribuer une mission visant à résoudre le conflit en Syrie, sans doute le plus complexe actuellement à l'échelle planétaire, est loin d'être une sinécure. Assurément, le diplomate algérien n'ignore sans doute pas à quoi il s'expose, lui qui aurait décidé de se «mêler» du dossier syrien faisant l'objet actuellement de profonds désaccords au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Ceci dit, M. Brahimi, aujourd'hui âgé de 78 ans, est un spécialiste du Moyen-Orient. Il a déjà été envoyé spécial de l'ONU en Afghanistan de 1997 à 1999, puis de 2001 à 2004 après le départ des Talibans, ainsi qu'en Irak après l'invasion américaine de 2003. Auparavant, le diplomate algérien a été l'un des artisans de l'accord de Taef qui avait mis fin à la guerre civile au Liban. Il était aussi intervenu en Afrique du Sud, préparant le terrain avant les élections ayant permis la victoire de Nelson Mandela. Les compétences diplomatiques de M. Brahimi ont été saluées en 2002 lorsqu'il a été récipiendaire du prix du meilleur négociateur de la part de la Harvard Law School pour son rôle dans la négociation d'un gouvernement intérimaire après la chute du régime taliban.