Si Kofi Annan l'a encore rappelé en lui confiant la mission d'envoyé spécial de l'ONU en Afghanistan dans des conditions difficiles, c'est que ce diplomate rompu aux négociations ardues aura à accomplir une des tâches les plus délicates de ces dernières années. Reconnu comme l'un des rares connaisseurs du terrain politique en Afghanistan, M.Brahimi, ancien chef de la diplomatie algérienne, en est à sa deuxième mission en Afghanistan. Celle-ci n'est donc qu'une reprise d'un processus qu'il fut contraint de geler en octobre 1999 après l'éclatement des violences entre les taliban et les différentes fractions afghanes en guerre dans la région depuis le retrait des forces russes en 1989. Selon les déclarations de Kofi Annan; secrétaire général de l'ONU, M.Brahimi aura la mission d'aider à concrétiser la mise sur pied d'un gouvernement d'union nationale entre les diverses fractions de l'opposition d'un pays déchiré par la guerre d'une part, et de veiller à la coordination des opérations d'aides humanitaires au peuple afghan, d'autre part. «Je suis convaincu qu'il est temps pour M.Brahimi de continuer sa mission» «Ce brillant fonctionnaire onusien aura toutes les prérogatives pour accomplir ses missions politiques et humanitaires», conclut Annan. Des sources onusiennes affirment, par ailleurs, que le diplomate algérien se penchera essentiellement sur la préparation de l'après-taliban et l'assistance à la création d'un gouvernement consensuel et multiracial. Crédible aux yeux des taliban, Lakhdar Brahimi a de fortes chances de réussir dans sa nouvelle mission. Surtout que les protégés du mollah Omar, espèrent contourner les Américains, en essayant d'utiliser le poids de l'ONU pour éviter les représailles militaires aux conséquences les plus dramatiques. Même si cette hypothèse est loin de voir le jour, du fait que la machine de guerre américaine a déjà atteint sa vitesse de croisière, les observateurs estiment que Lakhdar Brahimi pourra apporter un plus grand nombre de taliban modérés à accepter la nouvelle recomposition du schéma politique du pays. Ce schéma est censé être effectif et opérationnel juste après la fin de l'opération militaire «Liberté immuable» M.Brahimi a déjà été confronté à d'aussi délicates missions que celle de l'Afghanistan. Le règlement du conflit militaire et politique au Liban, par l'accord de Taef, en dit long sur l'expérience de ce diplomate.