Le scandale des étudiants universitaires inscrits sans le diplôme du baccalauréat qui a éclaté à l'université d'Oran pourrait dans les prochains jours connaître de nouveaux développements avec la remise des premières conclusions de la commission d'enquête dépêchée d'Alger par la tutelle et le début de l'instruction du dossier par le magistrat instructeur. Ainsi, si au départ il n'y avait qu'une vingtaine de cas épinglés par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale sollicités par la direction de l'université d'Oran, aujourd'hui on n'hésite pas à parler d'un véritable réseau mis sur pied pour permettre aux enfants de certains responsables et de certains nantis de bénéficier d'une inscription universitaire sans avoir réussi à l'examen du baccalauréat. Le cas le plus cité dans cette affaire qui a défrayé la chronique à Oran est celui des enfants d'un enseignant universitaire, un avocat au barreau d'Oran qui a réussi l'exploit d'inscrire trois de ses enfants qui ont échoué à leur examen du bac. Mieux encore, sa fille a même décroché sa licence de droit et passé son CAPES pour devenir avocat. Elle a même prêté serment lors de la cérémonie de sortie de la dernière promotion d'avocats à Oran. La commission d'enquête ne s'est pas seulement intéressée à la faculté de droit mais a orienté également ses investigations vers les autres écoles et instituts à l'instar de la faculté de médecine ou des non bacheliers ont été inscrits. Certains étudiants, même bacheliers, qui ne disposaient pas du minimum de la moyenne requise pour prétendre à un cursus de médecin ont pu s'y faire inscrire le plus normalement du monde. C'est une véritable opération de contrôle qui touche aussi bien les dossiers des étudiants qui poursuivent leurs études que ceux ayant déjà obtenu leur licence. On assure du côté des enquêteurs que toute la lumière sera faite sur ce scandale. «L'enquête ne se limitera pas aux lampistes mais touchera également les gros bonnets qui ont cautionné ou couvert cette pratique. Les agents d'administration cités dans cette affaire ne pouvaient pas agir sans une couverture. Certes, le système de la double inscription (administrative et pédagogique) a facilité ce trafic mais ceux qui l'ont organisé et qui en ont bénéficié ne pouvaient pas jouir d'impunité s'il n'y avait pas de solides couvertures», affirme une source proche du dossier. Ces derniers jours, la justice a entamé les premières auditions et tout laisse penser que c'est une véritable bombe qui pourrait éclater et qui pourrait faire vaciller tout un empire bâti sur la force de l'argent et l'appui du pouvoir.