Décidément, les Aïds passent et se ressemblent à Oran. Trouver une baguette de pain dans la ville et sa périphérie était un véritable défi que se sont lancé, sans le réussir, les Oranais au cours des deux derniers jours de l'Aïd El Fitr. Dans certains quartiers de la capitale de l'Ouest, la baguette de pain a été cédée à 50 voire 60 dinars au vu et au su de toutes les autorités. «A la place de Gambetta, j'ai acheté une baguette à 50 dinars. C'est un lieu connu de tous de vente informelle de pain. Les revendeurs n'achètent pas leur marchandise chez les boulangeries industrielles mais chez les professionnels du quartier qui préfèrent liquider leurs fournées en gros plutôt que de la vendre au détail», dira un Oranais. Pourtant, aussi bien les autorités locales que l'UGCAA avaient lancé un message aux commerçants et aux boulangers pour assurer la disponibilité des produits et du pain durant les jours de fête, mais l'appel est resté sans suite. Des boulangers affirment, pour leur part, et pour se dédouaner, que durant le mois sacré, leurs ouvriers qui ne sont pas originaires de la ville ont fait de gros efforts pour assurer la disponibilité du pain. «C'est de leur droit de passer l'Aïd avec leurs familles. On ne peut pas leur interdire cela», dira un boulanger. Certes et même s'il est du devoir de chacun de se ressourcer auprès des siens, la notion de service public aurait dû pousser ces opérateurs à assumer leurs responsabilités. Malheureusement, ils ont versé dans une véritable opération de déstabilisation des réseaux de distribution et de la société. Les Aïds passent et se ressemblent à Oran, et en attendant que l'Etat prenne à cœur sa fonction de véritable régulateur, les «affameurs» du peuple continueront de sévir.