En Algérie, le cumul de situations auxquelles des solutions n'ont pas été cherchées à temps a fait naître un enchevêtrement complexe, comme celui de la prolifération de parkings sauvages et de marchés informels. Les jeunes se disputent ces espaces alors que l'insécurité et l'anarchie ne peuvent connaître un terme que si des solutions sont trouvées à la source du problème. Pour les parkings, par exemple, la solution résiderait, entre autres, en la fin de l'asphyxie que connaissent nos villes en matière de circulation automobile et de stationnement, tandis que pour le marché informel, elle passerait par la création de nouveaux marchés, légaux ceux-là, la lutte contre le chômage et le renforcement du pouvoir d'achat. Les «gérants» des parkings non autorisés et les vendeurs informels pourraient être associés par exemple dans la gestion des nouveaux parkings et marchés légaux. A l'instar de la sûreté de wilaya de Sétif qui, il y a quelques jours, a annoncé la préparation d'une opération coup-de-poing contre les marchés informels et les parkings non autorisés, la sûreté de wilaya d'Alger préparerait une opération similaire «pour la libération des espaces relevant du domaine public squattés par l'informel». L'opération ne semble pas être des plus aisées comme en témoignent les heurts déjà enregistrés entre éléments des forces de l'ordre et vendeurs non autorisés dans différents quartiers de la capitale. Si la sûreté de wilaya de Sétif a, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, évoqué un «avertissement» à l' encontre des tenants des marchés informels, à la veille de l'opération coup-de-poing, la sûreté de wilaya d' Alger, elle, semble garder le mutisme sur le «jour J». L'opération serait, à en croire une source crédible, programmée pour la semaine en cours. Autre différence entre les actions des deux sûretés de wilaya : celle de Sétif cite les «gérants» de parkings sauvages qu'elle invite à «abandonner» cette activité non autorisée. La sûreté de wilaya d'Alger n'a pas évoqué les «parkings non autorisés». Les autorités avaient, il y a quelques années, annoncé la création prochaine de parkings autorisés qui devraient être gérés par les «gérants» des parkings non autorisés. Un projet qui n'a, jusqu'à présent, pas vu le jour, restant au stade de l'intention. Ce qui ne facilite nullement les choses aux policiers et gendarmes qui souvent font seuls face à la colère de milliers de jeunes au chômage. Lors des émeutes du 5 janvier 2011, intervenues en plein «printemps arabe», instruction a été donnée d'éviter de chasser les vendeurs non autorisés. Il s'agissait surtout de ne pas réunir les ingrédients d'une «révolte» dans le pays. C'est un problème national A Alger, comme dans d'autres wilayas du pays, les grands quartiers et grandes artères sont occupés par des vendeurs «non autorisés» qui proposent à la vente tous types d'articles, y compris ceux périssables et dont la provenance pas toujours précisée. À Bab El Oued, Bab Azzoun, Laâquiba ( Belouizdad), Bachdjarrah, et ailleurs à Alger, les revendeurs occasionnels sont de plus en plus nombreux et les espaces relevant du domaine public se rétrécissent à grande vitesse, au point où, à la place des Martyrs, par exemple, parcourir quelques dizaines de mètres à pied relève du parcours du combattant. L'insécurité n'est pas le grand absent de ces lieux transformés en tout sauf en marchés organisés. Des bagarres avec utilisation d'armes blanches ont souvent été enregistrées. Le problème ne concerne pas seulement Alger mais il est bien national, comme l'est le problème du chômage et celui de la baisse du pouvoir d'achat pour une large partie de la population. Pour rappel, le ministère du Commerce avait annoncé, fin mars 2011, avoir recensé quelque 765 sites de commerce informel à travers le pays et dans lesquels activent plus de 75 000 commerçants occasionnels. La situation est loin de s'être améliorée depuis. Les pertes financières de l'Etat du fait de la formidable prolifération du commerce informel étaient estimées en 2011 à plus de 10 milliards d'euros par an, est-il noté. Ce qui est loin d'être démenti par le ministre du Commerce qui avait avancé en 2011 des chiffres qui indiquent que les transactions sans facture durant les trois dernières années sont été estimées à 155 milliards de dinars, soit un peu plus d'un milliard d'euros.