Hier, les corps communs de l'hôpital psychiatrique d'Alger Drid-Hocine s'étaient mobilisés au sein de leur établissement afin de marquer le second jour de la grève lancée par le syndicat SNAPAP de la wilaya d'Alger. Youcef Branci, secrétaire général du syndicat au niveau de cet hôpital, nous a indiqué que le taux de participation pour la journée d'hier était de 93%. Un rassemblement d'une trentaine de personnes environ s'est tenu devant l'établissement. Certains scandaient : «Nous sommes en grève», d'autres agitaient des banderoles sur lesquelles étaient inscrits «Salaires de misère», «Non à la marginalisation». Meriem, une adhérente du Snapap, seul syndicat habilité à siéger au sein de l'établissement, nous indiquera que la direction n'est pas contre le principe de cette grève car tout s'est fait en conformité avec la réglementation en vigueur. «Nous assurons le service minimum. Dans chaque bureau, une personne fournit un service. Personne n'a fait de réclamations. Nous sommes soutenus par des professeurs et les parents des malades ne sont pas mécontents de l'accueil et de l'hygiène de l'établissement», souligne-t-elle, ajoutant que la seconde mobilisation est, pour elle, primordiale après que la première n'a pas eu l'effet escompté. «Si on s'arrête demain, c'est comme si tous ces jours de grève n'avaient servi à rien», nous dit-elle. M. Branci nous a indiqué qu'il n'y avait pas de difficultés internes à l'établissement. Il a été contredit par des grévistes qui nous ont précisé que le manque d'effectif était un problème majeur, ainsi que l'insécurité en raison des patients atteints de maladies mentales. «Quand un patient est agressif, nous n'avons pas le droit de recourir à des attaches. Souvent, nous sommes obligés de faire appel aux agents de sécurité», déplore une femme de ménage. M. Branci nous indiquera que le corps commun est marginalisé, oublié par les ministères. «Nous avons des salaires de base très bas. Les médecins ont eu gain de cause l'année dernière. Nous demandons de la considération. Nous ne sommes pas respectés ni considérés à notre juste valeur alors que nous assurons le bon fonctionnement de cet établissement», dit-il. Un gréviste nous expliquera être entré en grève pour retrouver sa dignité. «Je suis chauffeur, je gagne seulement 10 800 DA alors que j'ai trois enfants à charge. Que puis-je faire avec ce salaire de misère, les allocations ne suffisent pas à couvrir les dépenses mensuelles. Je veux que l'on s'attarde sur notre situation. Nous méritons respect et droit à la dignité. Je suis prêt à entrer dans une grève illimitée si cela me permet de recouvrer mes droits», souligne-t-il. Un taux de 60% dans la wilaya d'Alger Pour sa part, Ahmed Tazeouti, membre de l'union de la wilaya d'Alger au Snapap, nous indiquera que le taux de participation de la wilaya d'Alger, tous secteurs confondus, était estimé hier à 60%. Le taux de mobilisation le plus élevé a été relevé à l'APC de Bordj El Bari (90%), à l'hôpital de Belfort, il était évalué à 67%. Concernant le secteur de l'enseignement supérieur, une fois encore, c'est à l'université Houari-Boumediène que la mobilisation a été la plus importante avec une participation de 80%. M.Tazeouti se dit satisfait de cette deuxième journée de grève, tout en déplorant qu'aucun contact n'ait encore été établi avec le wali d'Alger. «Jeudi, une réunion devrait se tenir en présence des fédérations des différents secteurs affiliés au Snapap. Des instructions seront données afin que chaque établissement, organise une assemblée générale car c'est au niveau de chaque fédération que sera voté le mot d'ordre de grève illimitée. Cette procédure n'est pas aisée et recueille l'adhésion du plus grand nombre afin que le message soit transmis à qui de droit», insiste-il, ajoutant que quelle que soit la décision que prendront les travailleurs, le Snapap assumera ses responsabilités. A l'université Houari-Boumediène, l'assemblée générale prévue hier a été reportée sine die par les travailleurs devant le refus du rectorat de leur affecter une salle. Un adhérent du Snapap au niveau de l'USTHB, nous indiquera que «chaque fois que l'on fait une demande en bonne et due forme, l'administration crée des obstacles alors que le droit de grève est garanti par la constitution. Seule la médiatisation semble faire réagir cette dernière», déplore-t-il.