En attendant les nouvelles instructions plus précises ou bien de dispositions réglementaires imposables à tous, les parkings sauvages ou plus précisément les aires de stationnement «improvisées» font partie d'une situation qui perdure à Constantine. Aggravée par le problème du chômage, cette situation s'est transformée pour les automobilistes en véritable fardeau à haut risque. «C'est un calvaire au quotidien que l'on subit… contre notre volonté. Pourquoi les pouvoirs publics tolèrent-ils ces pratiques et la prolifération de ce genre d'espaces ?» ne cessent de s'interroger les citoyens. A qui incombe la responsabilité ? Les citoyens sont unanimes à dire que l'APC doit prendre en charge ce problème et le régler de manière définitive avec l'aide des services de la Sûreté. Au niveau de la commune de Constantine, l'on compte près de 170 parkings informels. Ces aires de stationnement qui foisonnent dans les cités et les quartiers populaires sont «gérées» par de jeunes chômeurs qui assurent le gardiennage des véhicules personnels des citoyens du quartier de jour, mais rarement de nuit. Une instruction ministérielle juridiquement inappropriée Le décret ministériel n°21/06 du 21/11/2006 est pourtant venu réglementer ce secteur en prévoyant l'institution en coopératives de 3 ou 4 membres au minimum des tenants des lieux. Ces derniers ont été convoqués pour régulariser leur situation, mais sur un nombre très élevé, seuls 10 ont répondu. La majorité s'est heurtée à l'obstacle représenté par la délivrance de l'acte notarié nécessaire à la constitution de société. Après coup, l'administration communale s'est rendu compte que l'instruction de la tutelle est inapplicable d'un point de vue juridique car, pour se constituer en coopérative, il faut au préalable avoir l'acte de propriété du terrain. Or, ce dernier est la propriété de l'administration et ne peut être cédé. Actuellement, cinq parkings sont organisés au centre-ville de Constantine. Ils s'agit de ceux situés au niveau de la rue Tatache, Souk El-Asser, le marché Boumezzou, les escaliers en «S» conduisant au Coudiat et enfin au lieu-dit «Maison du cadeau», dans le quartier de Belouizdad. L'ensemble pouvant contenir environ 740 véhicules, ces 5 aires autorisées sont cédées conformément à un cahier des charges prédéfini. Mais malgré cela, le désordre règne en maître et les gérants ne veulent pas se soumettre aux clauses. Chaque locataire impose sa propre gestion, au prix que lui seul souhaite. Les parkings les plus prisés demeurent les «S» au niveau du Coudiat, la place Saint Jean, et Tatache à proximité de Souk El Asser. Ces espaces offrent une accessibilité aux utilisateurs pour être à proximité du centre- ville. Leur prix de cession reste élevé en raison des enchères lors de la première adjudication. Quant aux tarifs, ils varient entre 30 et 50 dinars et ce, selon que l'endroit est proche ou éloigné du centre-ville. Il faut dire que la mairie n'impose pas de tarifs, mais seulement des seuils. Dans ce cadre aussi, un phénomène a été signalé chez la plupart des citoyens qui habitent à proximité de ces parkings qui pratiquent le gardiennage de nuit. Ils prennent la défense de cette formule qui les arrange parce qu'il se trouve que, du même coup, le gardiennage de nuit les protège des malfaiteurs et des cambriolages. Notons que les riverains de ces parkings ne sont pas satisfaits de la manière dont sont gérées ces aires de stationnement et ne manquent pas de le faire savoir aux autorités communales. Les gardiens préfèrent l'informel Des prises de bec sont signalées au quotidien avec ces gardiens, à cause surtout de la question des tarifs exigés, le manque de signalisation du parking, l'utilisation de tickets de paiement et l'identification des gardiens par des tenues réglementaires et des badges. Invités à régulariser leur situation, les gardiens préfèrent rester dans l'informel, car pour être régularisés, il faut passer par les services de la Sûreté. Ces derniers se chargent de mener des enquêtes sur eux et sur le parking, alors qu'il se trouve que plusieurs d'entre eux ont des antécédents avec la justice et du coup ils préfèrent rester dans «l'ombre». Une autre explication également relative au gardiennage de nuit : les concernés estiment que cette prestation n'est pas rentable sur le plan pécuniaire. Aussi, il y a la problématique des tarifs appliqués sans aucun contrôle, et pour cela, les gardiens ne veulent pas dévoiler leurs recettes. Sur un autre volet, l'on croit savoir que les soumissionnaires émettent des montants excessifs. Une fois qu'ils mettent les aires de stationnement en exploitation, leur rente s'avère en deçà des attentes. Un déséquilibre financier qui aura coûté par moments cher aux bailleurs de fonds. Le cas le plus éloquent est celui du parking Tatache, pour lequel la municipalité croise les doigts pour récupérer un dû de près de 300 millions de centimes. La même situation aurait été perçue au stationnement des «S», avec une perte sèche non identifiée. L'exemple du parking de la rue Tatache Belkacem L'APC de Constantine s'est désistée de la gestion des parkings en les donnant en concession par voie d'adjudication. C'est le cas du parking de la rue Tatache-Belkacem, qui a été cédé pour 15 millions centimes par mois à un gestionnaire. Ce dernier, jugeant que le montant était très élevé, a abandonné l'affaire et n'a pas pu s'acquitter de ses dettes auprès de la commune qui l'a poursuivi en justice. Le dossier est toujours à ce niveau. Il est aujourd'hui géré par des jeunes qui activent, bien entendu, dans l'informel. Ils ont l'accord des habitants des quartiers environnants qui y garent leurs véhicules la nuit en contrepartie d'une somme modeste et ce, afin qu'ils puissent faire face aux nombreuses requêtes de la mairie. Des tickets au nom de l'APC au Khroub Au niveau de la plus grande commune de la wilaya après celle de Constantine, la situation n'est guère meilleure. Bien au contraire, une situation particulière prévaut dans cette commune, puisque lesdits gardiens de parking délivrent même des tickets au nom de l'APC. Evidemment, les services de la commune n'ont aucune relation avec cette pratique. C'est juste une manière de bluffer les automobilistes afin de se soumettre au diktat des gardiens. Malgré une dénonciation de cette situation particulière, les «gérants de parking» maintiennent leur activité et aucune action de représailles n'a été lancée sur le terrain.