Le professeur Rachid Hanifi reste président du Comité olympique algérien. Mais pour combien de temps encore, c'est là la grosse question qui s'est posée hier matin après que l'intéressé eut levé les travaux de l'assemblée générale ordinaire de l'instance olympique, l'ordre du jour de l'assemblée ayant été rejeté par la majorité de ses membres. Il fallait s'y attendre. La crise qui secoue le COA s'est amplifiée et aujourd'hui son président apparaît plus que jamais comme isolé. Il va lui être difficile de recoller les morceaux du puzzle dans les 15 jours qui viennent puisque c'est dans cet intervalle de temps qu'il va être obligé de convoquer une assemblée générale extraordinaire. Cette démarche, il a été obligé de l'accepter pour rester dans les normes des dispositions statutaires et celles de la charte olympique puisque plus des deux tiers de la composante de l'AG sont pour son départ immédiat. Il faut noter que le ministre de la Jeunesse et des Sports, le professeur Mohamed Tahmi, est venu hier matin au siège du COA dans le but de transmettre un message. Mais un message seulement dans lequel il a insisté sur la nécessité de relancer le sport algérien dans le cadre d'une politique adéquate. Il a, pour cela, fait valoir la nouvelle loi sur le sport qui est en voie d'élaboration. Ceux qui pensaient que le ministre était susceptible d'orienter les débats en sont sortis perdants. Le professeur Tahmi est resté fidèle aux thèses qu'il avait développées lors de discours précédents, à savoir que seuls la loi, la règlementation et les statuts en vigueur prévaudront mais aussi la charte olympique en ce qui concerne le COA. Le ministre a ainsi renvoyé dos à dos le président de l'instance olympique et ses opposants comme pour leur dire : «Vous êtes assez responsables pour débattre en assemblée générale. Celle-ci doit rester souveraine. A vous de faire en sorte de donner l'exemple en respectant les textes en vigueur que sont les statuts du COA et la charte olympique.» Un point qui a posé problème L'ordre du jour de cette AG ordinaire comportait 7 points à débattre. Le sixième faisait référence à la situation que connaît actuellement le COA, sous-entendu la crise qui le secoue. Au lieu de faire adopter par vote à main levée cet ordre du jour, le professeur Hanifi a choisi de donner la parole à l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports et ex-président du COA, le Dr Sid Ali Lebib. Ce dernier a voulu tenir un discours modérateur expliquant que l'instance olympique n'avait rien à gagner d'une guerre de positions. «Il faut gagner en sérénité et en sens des responsabilités, a-t-il affirmé. Cette assemblée générale ordinaire doit se tenir mais je vous demande de retirer le 6e point de l'ordre du jour pour le programmer lors d'une autre assemblée générale.» Juste après lui, la parole a été donnée à un autre ancien président du COA et ex-secrétaire général du MJS, Si Mohamed Baghdadi, qui lui a axé son intervention sur le fait qu'il y avait des textes à respecter notamment les statuts de l'instance et la charte olympique. Ces deux sorties n'étaient pas prévues dans l'ordre du jour mais personne dans l'AG n'a voulu s'y interposer. Il n'en reste pas moins qu'elles ne furent pas d'une grande utilité pour le président Hanifi dans la mesure où le troisième intervenant, Badreddine Belhadjoudja, président de la Fédération algérienne d'athlétisme, a lu un texte approuvé, selon lui, par plus des deux tiers de la composante de l'AG dont 20 sur les 22 fédérations de sports olympiques. Dans ce texte, il était fait mention de la rupture entre le président et son comité exécutif. On y parlait, également, d'erreurs commises par le président du COA. La conclusion du texte lu par le président de la FAA indiquait que «les membres signataires, membres de droit de l'AG, dépassant les deux tiers rejettent le caractère ordinaire de cette assemblée et retirent leur confiance au président Hanifi à compter de ce jour et demandent de soumettre au vote cette motion à l'AG». Un président acculé Cette proposition de vote de la motion n'a pas été retenue par le président du COA lequel, par contre, a demandé à l'assistance de voter pour ou contre le souhait de Sid Ali Lebib de voir le point 6 de l'ordre du jour reporté à une prochaine AG. Une démarche qui a abouti au rejet de ce que Lebib appelait de ses vœux. A la suite de quoi, le professeur Hanifi a été amené à faire voter à main levée l'ordre du jour de l'AG dans lequel se trouvait le fameux 6e point et là aussi il a essuyé un échec, la majorité de l'assemblée rejetant le programme établi. Mis en minorité, que restait-il au président du COA ? La seule alternative que reconnaissent les textes qui régissent l'instance olympique : convoquer une assemblée générale extraordinaire dans un délai qui ne saurait excéder 15 jours conformément aux statuts et au règlement intérieur du COA. Hanifi reste ainsi président de cette instance mais au su de tout ce que nous avons observé et noté hier matin, il nous semble que sa mission pourrait prendre fin dans une quinzaine de jours.