Difficile d'être une star. C'est pourtant bien le statut qu'assume aujourd'hui Taoufik Makhloufi. On ne naît pas champion olympique, on le devient et pour y parvenir il y a des sacrifices à consentir et des efforts intenses à fournir. Atteindre un tel stade c'est le rêve de milliers de sportifs mais cela a un prix qui nécessite de la sueur, de la souffrance, du labeur, de la contrainte et une volonté sans faille. Enfant de Souk Ahras, Taoufik voulait faire de l'athlétisme bien qu'il ait tapé, dans son enfance, dans le ballon pour jouer à l'inévitable football. «C'était naturel, dit-il. Chaque gamin en Algérie joue un jour au football ne serait-ce qu'avec ses camarades de quartier. Moi aussi j'ai joué avec de vieilles chaussures trouées et je rentrais à la maison avec un pantalon déchiré sous l'œil peu attendrissant de ma mère qui n'en finissait pas d'user du fil et de l'aiguille pour raccommoder tout cela.» Mais il n'était pas fait pour le football. Il a très vite compris qu'il était fait pour la course à pied et pour l'athlétisme. C'est sous la coupe d'Ali Redjimi, dans le club de la Protection civile de Souk Ahras, qu'il s'est initié aux conditions des épreuves sur piste. Son coach n'a pas mis trop de temps pour comprendre que le gamin qu'il avait sous la main avait de sérieuses aptitudes pour devenir un grand athlète. En homme avisé, il savait que ce n'était pas à Souk Ahras, où les moyens de travail étaient rudimentaires, que Taoufik pourrait progresser. Il l'a donc envoyé à Alger vers l'entraîneur qu'il estimait capable de le perfectionner. L'entraîneur en question, c'est Amar Brahmia, celui-là même qui manageait un certain Noureddine Morceli. C'est lui, qui, pendant trois ans, a pris Makhloufi sous sa coupe et l'a intégré à son groupe de demi-fondistes dans lequel on trouvait Boukensa, Boulahfane ainsi que Zerguelaïne. C'est avec eux qu'il a développé ses capacités. Seulement, le Souk Ahrassien a senti qu'il lui manquait quelque chose pour aller encore plus de l'avant. «Au bout de trois ans dans ce groupe, j'ai estimé que le temps était venu pour moi de voir un autre mode d'entraînement, nous avoue-t-il. C'était comme si je stagnais et que je n'arrivais pas à décoller. Disons que je recherchais une sorte de déclic psychologique.» Voila comment à quelques mois des Jeux olympiques de Londres, il s'est retrouvé en train de s'entraîner avec un groupe cosmopolite sous la direction du Somalien Jomaa. «Il faut bien comprendre que si j'ai gagné à Londres cela ne saurait faire oublier tout ce que j'ai appris avec Brahmia», nous a-t-il dit. «Dans mon esprit mes deux entraîneurs sont partie prenante de tout ce que j'ai accompli jusqu'à présent.» Champion olympique du 1500m aux Jeux olympiques de Londres-2012, l'athlète algérien a aujourd'hui les yeux tournés vers Moscou et les Mondiaux d'athlétisme que la capitale de Russie va accueillir en août 2013. «J'ai conscience que l'on va m'attendre car maintenant j'ai un statut à défendre, explique-t-il. Je n'ai pas encore arrêté mon programme de préparation mais ce que je sais, c'est que j'irai aux Mondiaux de 2013 avec l'âme d'un gagneur. Vous pouvez me faire confiance.» Mais bien sûr qu'on te fait confiance Taoufik.