Les anciens rappelés de l'ANP entameront, comme prévu, leur marche de Tizi Ouzou vers la capitale jusqu'à la présidence de la République plus exactement. Une marche, sur 100 kilomètres qui prendra au moins deux jours. C'est de la ville de Draâ Ben Khedda,10 km à l'ouest de la capitale du Djurdjura, que la procession débutera. Hier matin déjà, des dizaines d'ex-rappelés commençaient à converger vers la wilaya de Tizi Ouzou. Ils sont venus de plusieurs régions du pays, voire du Sud. Au total, 43 délégations de différentes wilayas ont décidé de prendre part à cette action de protestation d'envergure. La marche s'annonce «grandiose», selon les participants. Les préparatifs vont bon train. Des centaines de banderoles sont déjà confectionnées par les anciens rappelés. «Nous allons entamer notre marche de la ville de Draâ Ben Khedda jusqu'au siège de la présidence de la République, à El Mouradia. Cet itinéraire pourra être modifié à la dernière minute, comme convenu, si les services de sécurité nous empêchent de progresser. Une éventualité d'ailleurs qui n'est pas à écarter», nous a déclaré le chargé de la communication du collectif des anciens rappelés de l'ANP. Ce dernier affirmera pour la énième fois la volonté des anciens rappelés de ne pas baisser les bras et de maintenir la cadence des mouvements de protestation pacifiques. «Notre cause est juste. Nous avons répondu présents à l'appel de la nation pour sauver les institutions de la République. Aujourd'hui, nous réclamons la reconnaissance de nos sacrifices. Nous maintiendrons notre mouvement jusqu'à satisfaction entière des 11 points inscrits dans notre plate-forme de revendications, laquelle a été remise au ministère de la Défense», soulignera notre interlocuteur. Le statut officiel, l'accès aux soins des blessés, des handicapés, l'accès au travail et au logement sont, entre autres, les principales revendications des anciens rappelés de l'ANP, appelés à la rescousse de la République sous la menace des groupes armés, entre la période allant de 1994 à 1998. Leur nombre dépasse les 250 000. Certains d'entre eux ont été assassinés, d'autres blessés, voire handicapés à vie et d'autres ont perdu leur emploi. Le décès dernièrement d'un ancien rappelé qui souffrait de plusieurs blessures, dans la région de Tigzirt, n'est qu'un exemple parmi des centaines d'autres sur le drame qui vit cette frange de la société. Le défunt a laissé derrière lui une veuve et des enfants en bas âge. Le combat des anciens rappelés bouclera bientôt deux années. Certains acquis ont été arrachés, mais l'essentiel de leurs revendications ne l'est pas encore.