Human Right Watch a compilé des témoignages relatant les dernières heures de l'ex-chef d'Etat libyen qui remettent en cause la version officielle. Comment est mort Mouammar Kadhafi ? Selon la version officielle des autorités libyennes, le 20 octobre 2011, lors d'un échange de tirs croisés nourris, aux côtés de son fils Mouatassim Kadhafi. Mais, un an après, l'ONG Human Right Watch revient totalement sur cette version dans un rapport de 50 pages intitulé «Death of a Dictator : Bloody Vengeance in Sirte» (Mort d'un dictateur : Vengeance sanglante à Syrte). Selon l'ONG, qui avait une équipe non loin des lieux de l'arrestation de Mouammar Kadhafi, les vidéos montrent que Mouammar Kadhafi a été capturé vivant mais qu'il saignait profusément d'une blessure à la tête qui aurait été provoquée par les éclats d'une grenade lancée par l'un de ses propres gardes et aurait explosé au beau milieu d'eux, tuant son ministre de la Défense Abou Bakr Younès. Ces vidéos montrent Mouammar Kadhafi se faisant rudement passer à tabac par les forces de l'opposition et recevant des coups de baïonnette aux fesses, entraînant de nouvelles blessures et de nouveaux saignements. Au moment où il est filmé en train d'être chargé dans une ambulance à moitié dénudé, il semble sans vie», raconte l'ONG. «Le temps que Mouammar Kadhafi arrive à Misrata, un voyage d'au moins deux heures, il était alors presque certainement mort et des images de son corps ont commencé à circuler», poursuit HRW. «Quand nous avons capturé Kadhafi, c'était une grande pagaille. Il y avait des combattants partout. Il était en vie quand je l'ai vu, donc il a dû être tué plus tard, pas quand nous l'avons vu là. Mais c'était une scène violente, il a été jeté à l'avant d'une camionnette qui a essayé de l'emmener loin de là et il est tombé. C'était très confus. Des gens lui tiraient les cheveux, le battaient. Nous comprenions qu'il lui fallait un procès, mais nous ne pouvions contrôler personne, certains agissaient au-delà de notre contrôle», selon le témoignage de Khalid Ahmed Raid, commandant de la brigade de Misrata de la milice de la Côte Est, qui était près de la scène de capture. «Le soir-même, son corps sans vie, portant une nouvelle blessure à la gorge qui n'était pas visible dans la vidéo précédente, a été exposé publiquement à Misrata», révèle HRW. «Dans chacun des cas que nous avons examinés, les individus avaient été filmés en vie par les combattants de l'opposition qui les détenaient, puis retrouvés morts quelques heures plus tard», affirme Peter Bouckaert, directeur de la division Urgences à Human Rights Watch. «(…) Parmi les nouvelles preuves les plus convaincantes, affirme HRW, figure un clip vidéo filmé sur un téléphone portable par des membres des milices de l'opposition qui montre un groupe important de membres du convoi capturés et placés en détention en train de se faire insulter et malmener.» Malgré ses nombreuses demandes auprès des différentes autorités libyennes, Human Rights Watch ne relève aucun élément indiquant qu'une enquête effective est en cours ou a été réalisée.