Alors que des questions demeurent sur les conditions de la mort de l'ancien dirigeant, les organisations des droits de l'homme demandent une enquête internationale et dénoncent les exactions dont se sont rendus coupables les ex-rebelles. La joie exprimée par des Libyens à l'annonce de la mort de Mouammar Kadhafi ne lève pas les multiples questions posées. Plusieurs organisations internationales se sont d'ailleurs émues des conditions de cette disparition. Plusieurs vidéos mises en ligne montrent effectivement un Kadhafi aux mains des rebelles, vivant. Puis on l'aperçoit mort, ce qui confirme une exécution sommaire. «Il existe suffisamment d'indices pour ouvrir une enquête crédible sur les circonstances exactes de la mort de Mouammar Kadhafi et de son fils Mouatassim, estime Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch (HRW). Il est important de savoir comment les deux hommes sont morts. Une telle enquête est cruciale pour déterminer si la nouvelle Libye sera un Etat de droit ou un pays permettant des exécutions sommaires.» L'homicide intentionnel d'un prisonnier constitue une violation grave des lois de la guerre et un crime de guerre pouvant faire l'objet de poursuites par la Cour pénale internationale, insiste HRW. Cette organisation n'en reste pas là. «Dimanche, nous avons trouvé 53 corps en décomposition, apparemment des citoyens partisans de Kadhafi, dans un hôtel abandonné de Syrte. Certains avaient les mains ligotées derrière le dos quand ils ont été tués», a révélé Peter Bouckaert, un responsable de HRW. Des combattants anti-Kadhafi originaires de Misrata tenaient ce secteur depuis début octobre, selon des témoins interrogés par l'ONG. L'état des corps suggère que les victimes ont été tuées entre le 14 et le 19 octobre, a indiqué HRW, en précisant que «les corps étaient regroupés sur la pelouse du jardin de l'hôtel (...), apparemment là où ils ont été tués». Pour Peter Bouckaert, «ce dernier massacre semble faire partie d'une série de meurtres, pillages et autres abus commis par des combattants anti-Kadhafi armés se considérant comme au-dessus de la loi. Si le CNT n'enquête pas sur ce crime, cela donnera le signal que ceux ayant combattu Kadhafi peuvent faire n'importe quoi sans craindre d'être poursuivis». Lors de la chute de Tripoli, des centaines de partisans de Kadhafi ont été également tués sans jugement.