Même si à court terme l'Algérie n'est pas menacée d'une invasion acridienne, elle reste tout de même mobilisée pour faire face à une éventuelle incursion du criquet pèlerin. Les services agricoles et les nomades sont en alerte pour signaler la présence de ce criquet, a indiqué hier M. Khaled Moumen, directeur de l'Institut national de protection des végétaux (INPV). «L'Algérie a mobilisé d'importants moyens matériels et logistiques lui permettant de faire face à une éventuelle invasion du criquet quel que soit son ampleur», a-t-il ajouté lors d'une réunion du Comité interministériel de lutte antiacridienne (Cila), la 4e depuis juin, présidée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural. M. Moumen a mis en avant la disponibilité de l'Algérie à fournir des produits de lutte antiacridienne aux pays voisins. «L'Algérie est prête à aider les pays voisins en produits de lutte antiacridienne, en cas de besoin», a-t-il dit. La surveillance est assurée dans les zones de reproduction potentielles du criquet afin de détruire les premières concentrations. La lutte préventive et la surveillance, assurées par des équipes spécialisées de l'INPV, qui sillonnent le Sahara, s'opèrent en fonction des conditions écologiques sévissant dans les zones abritant le criquet pèlerin. Actuellement, les conditions écologiques sont favorables dans les wilayas du Grand Sud, ce qui va maintenir les criquets solitaires présents dans ces zones à l'état dispersé. Mais en cas de dessèchement de la végétation, les criquets pourraient se concentrer dans les zones encore vertes. En ce mois d'octobre, les équipes de l'INPV font état d'une présence acridienne d'ailés solitaires dispersés sur de grandes étendues dans les régions de Reggane et de Timiaouine (wilaya d'Adrar), Bordj El Houas (wilaya d'Illizi) et Tamanrasset. Le dispositif antiacridien restera mobilisé pour faire face à une éventuelle évolution de la situation, surtout après la confirmation de la poussée d'une très dense végétation à l'extrême sud-ouest du pays. L'INPV a ainsi mobilisé 10 équipes de surveillance et de lutte au niveau du premier front, à savoir Tamanrasset, Adrar et Illizi. Un deuxième front de lutte se prépare actuellement contre une éventuelle invasion au printemps prochain. «Les moyens financiers et le matériel logistique sont en place», a indiqué Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture, appelant les parties concernées à «maintenir le degré de vigilance». A l'état actuel, l'INPV dispose de 223 unités de traitement à travers le pays en plus de quantités «suffisantes» de pesticides estimées à près de 5 millions de litres. Dès le début de novembre, trois hélicoptères seront mobilisés avec le concours des services militaires. Un contrat programme liant Tassili Airlines et le ministère de l'Agriculture prévoit également la création d'une unité de lutte phytosanitaire par cette compagnie nationale en vue de faire face à des situations critiques. 2300 hectares traités au Tchad et en Mauritanie Le Tchad et la Mauritanie ont déjà procédé, respectivement, à des traitements de plus de 2300 hectares et 2130 ha. Cependant, «la situation est moins claire dans le nord du Mali en raison de l'insécurité qui prévaut», prévient le premier responsable de l'INPV. Toutefois, une présence d'ailés solitaires immatures a été signalée dans la région de Tamesna. Le dispositif malien de surveillance et de lutte est composé de 10 équipes opérant uniquement au niveau des zones sud. Pour parer à cette contrainte, l'INPV utilise les données météorologiques que lui fournissent l'Office national de météorologie et les images satellites de végétation fournies par l'Agence spatiale (Asal) et L'agence de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). Par ailleurs, la FAO a mis en alerte, la semaine dernière, les pays du Maghreb (Algérie, Libye, Mauritanie et Maroc) contre l'arrivée probable d'essaims de criquets pèlerins.