Le Front Polisario a toutes les raisons d´être satisfait de la tournée, toujours en cours, de Christopher Ross au Maghreb. Le représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental a eu, mercredi à Al Ayoune, une rencontre avec les indépendantistes qualifiée d'«historique» par les responsables du mouvement sahraoui en Europe. Cette opinion est partagée aussi par les grands journaux espagnols, El Pais et El Mundo qui, comme tous leurs confrères européens, sont interdits d´accès au Sahara occidental. C'est donc par téléphone portable que ces médias se sont informés des contacts de M. Ross dans la capitale du Sahara occidental. Une visite «historique» parce que si ce n´est pas la première fois que le représentant personnel de M. Ban Ki-moon se rend dans les territoires occupés depuis sa nomination à ces fonctions par M. Ban Ki-moon en janvier 2010, c´est bien sa première rencontre avec les partisans de l´indépendance du Sahara occidental. Le représentant de M. Ban Ki-moon semble avoir imposé aux autorités marocaines une nouvelle démarche élargie à des rencontres avec les membres de la société civile, rompant ainsi avec la tradition voulant que seule soit écoutée la voix du gouvernement marocain et du Front Polisario, les deux parties impliquées dans le conflit sahraoui. Pour la première fois, M. Ross a pu s'entretenir librement avec les partisans de l'indépendance du Sahara occidental et des Sahraouis favorables aux thèses marocaines sur le conflit de l'ancienne colonie espagnole. Toutefois, tout l´intérêt de ces rencontres inédites dans les territoires occupés ne valent que par le témoignage des activistes pro-Front Polisario. L'autre camp, sans assise sociale notable au Sahara, n´est pas représentatif de la tendance globale de l'opinion sahraouie qui est favorable à l'indépendance. Mme Haider agressée La venue de M. Ross a été l'occasion pour les indépendantistes de se rassembler au centre-ville aux abords de l'artère principale d'Al Ayoune. Ce groupe de manifestants a été dispersé brutalement par les forces antiémeute alors que le diplomate américain se trouvait dans les parages, a déclaré le président de l´Association de Défense des Droits de l´Homme (ASVDH), l'activiste Brahim Dahane, par téléphone, au journaliste d'El Pais, Ignacio Cembrero. Selon divers autres témoignages recueillis à travers ce même canal par d'autres journaux, Mme Aminatu Haider aurait été agressée par un «groupe de Marocains». L'activiste sahraouie n'a pas précisé s'il s´agissait du fait de civils ou de membres des forces de sécurité marocains qui faisaient la chasse aux indépendantistes dès que l'arrivée de M. Ross avait commencé à se préciser. Mme Haider se trouve, en ce moment, à Tindouf où elle assiste au Festival culturel de Tifariti. Les autorités marocaines continuent d'entretenir le mystère sur le changement de leur attitude à l'égard de M. Ross auquel Rabat avait «retiré sa confiance» en mai dernier pour sa «partialité» dans le conflit sahraoui. On sait seulement que le Secrétaire général de l'ONU avait téléphoné, le mois d'août dernier, au roi Mohamed VI pour lui signifier son «plein soutien» au diplomate américain, laissant clairement entendre qu'il ne procédera pas à son remplacement par un Européen qui serait plus favorable aux thèses marocaines sur le Sahara occidental. Après avoir exigé la tête de M. Ross, le souverain alaouite semble depuis s'être résigné à composer avec le diplomate américain dont l'attachement au droit du peuple sahraoui à l'indépendance est connu.