Emprisonné dans des roches sédimentaires argileuses compactes et imperméables, souvent à plus de 1000 mètres de profondeur, le gaz de schiste est extrait à l'aide d'une méthode non conventionnelle, la fracturation hydraulique, qui consiste à injecter de l'eau à forte pression et du sable combiné à des additifs chimiques dans la roche. La méthode, interdite dans de nombreux pays auxquels s'ajoute le Canada dont la politique environnementale est pourtant des plus critiquables, comporte des risques majeurs pour l'environnement. Destruction irréversibles des paysages sur des kilomètres, infiltration des produits chimiques dans les nappes phréatiques et les eaux aquifères millénaires de toute la région du Sahel (ces dernières communiquent entre elles), émanation de gaz à effet de serre, montée de bactéries dangereuses et indestructibles enfuies depuis des millions d'années dans ces roches - comme celle ayant contaminé le concombre espagnol en 2011 suite à l'exploitation de gaz de schiste en Allemagne -, dilapidation des ressources hydrauliques rares au Sahara ou encore instabilité du sol pouvant causer des secousses sismiques moyennes sur l'échelle de Richter, sont autant de risques que comporte l'extraction de ce gaz. Les spécialistes sont formels, une cimentation parfaite des colonnes de forage qui garantit leur étanchéité et empêche l'émanation de gaz n'est, pour l'instant, pas possible. Le Congrès américain a fini par le reconnaître suite aux efforts des scientifiques et des environnementalistes, notamment après la diffusion du film Gasland dont une scène phare montre une eau de robinet s'enflammer à l'aide d'un briquet. Aussi, si beaucoup d'additifs chimiques utilisés sont de la même nature que ceux que l'on trouve dans des produits alimentaires ou cosmétiques, d'autres, tels que le benzène, sont cancérigènes, affirme le géologue et professeur à l'université d'Oran, Moussa Kacem, qui rappelle que la décontamination des eaux est extrêmement coûteuse, voire souvent quasi-impossible. Ainsi, les récentes déclarations d'Ahmed Mecheraoui, conseiller du ministre de l'Energie et des Mines, quant aux garanties sur le respect de l'environnement que comporte le projet de loi sur les hydrocarbures, ne rassurent pas les opposants au recours à une telle méthode. «La communauté scientifique du monde entier a convenu qu'il s'agit d'une méthode non conventionnelle, ce qui suppose qu'elle n'est pas recommandée, à moins d'assurer une sécurité totale, ce que l'on n'est pas en mesure de faire. Les autres méthodes comme la perforation pneumatique ou l'extraction exothermique sont seulement en cours de développement. Mais si à l'avenir la technologie permet de remédier à ces problèmes, nous ne sommes pas contre, c'est un atout à exploiter», explique l'universitaire.