L'agression israélienne contre les populations civiles de Ghaza n'est rien d'autre qu'un épisode du «génocide» programmé depuis la Déclaration de Balfour de 1917 et un «complot régional et international contre la juste cause du peuple palestinien», pensent des réfugiés palestiniens en Jordanie interrogés par l'APS. Rencontrés au camp de réfugiés Hussein à Amman, ces hommes et ces femmes en exil forcé se montrent dans cette logique intimement convaincus qu'Israël reste «le principal sous-traitant des Etats-Unis dans la stratégie d'extermination et de déracinement du peuple palestinien, en vigueur depuis au moins une soixantaine d'années». «Cette agression qui cible les femmes et les enfants est, par sa cruauté et par la disproportion des forces, sans précédent dans l'histoire contemporaine», soutiennent-ils en guise d'illustration. Dissimulant mal sa colère, Abou Yazin partage cette analyse mais se dit tout aussi convaincu que la population de Ghaza résistera longtemps aux raids meurtriers de l'armada israélienne et à une situation humanitaire épouvantable parce qu'il est dans la nature de ce peuple meurtri de refuser d'abdiquer à l'injustice, y compris par le sacrifice suprême. Soudain le regard sévère et la mine défaite, il dit aussi s'élever, lui et ses compagnons de fortune, contre la division des rangs palestiniens, même en ces temps de grand malheur. «Il faut mettre de côté les conflits et les différends conjoncturels pour faire face aux complots et aux stratégies macabres de l'ennemi», soutient-il. La tragédie renforce l'amour de la diaspora pour leur Palestine éternelle N'empêche, poursuit-il, cette tragédie n'a fait que «renforcer l'attachement des Palestiniens de la diaspora à leur terre et à leur patrie, la Palestine éternelle». Un autre réfugié, Abou Aid, s'en réfère aux images insoutenables diffusées par des chaînes satellitaires pour faire part de la juste indignation des réfugiés palestiniens là où ils se trouvent. Abou Fouad, qui a quitté la Palestine en 1948, pour se réfugier en Jordanie, évoque lui aussi cette idée de complot régional et international dirigé contre le peuple palestinien en vue de «détruire le rêve d'un retour au pays pour ces millions de réfugiés et l'instauration d'un Etat palestinien libre avec pour capitale El Qods». Pour le vieil homme qui en vu d'autres, cette guerre d'extermination est le prolongement de toutes celles qui l'ont précédée dans un vaste plan de conspiration contre les Palestiniens, vieux de près d'un siècle, avec cette différence qu'Israël «mène actuellement un massacre rare dans l'histoire contemporaine, à classer en tout cas dans la longue liste des crimes contre l'humanité». Quant à Abou Tareq, il fera appel volontiers à de célèbres déclarations du chef incontesté de la résistance palestinienne, feu Yasser Arafat, pour dire la volonté inébranlable du peuple palestinien, ce «peuple de titans», d'arracher son droit à un Etat souverain. «Les Israéliens ne sont que des colons de passage tout comme l'ont été les croisés par le passé», résumera-t-il. Appels à la conscience arabo-musulmane Rappelant les Arabes et les musulmans à leur responsabilité de venir en aide aux populations de Ghaza et à la cause palestinienne en général, il se dit confiant en la capacité de tous les Palestiniens à recouvrer leur unité face à l'envahisseur et à ses alliés dans le monde. «Ce peuple meurtri puise sa force et sa détermination dans le tribut du sang qu'il paie au quotidien, aussi bien que dans la solidarité active que lui expriment les peuples arabes et tous les peuples pacifistes à travers les marches de soutien organisées de par le monde», ajoute cet homme inquiet, mais visiblement sûr du bon droit de ses compatriotes agressés. «L'occupation israélienne est vouée à un échec certain comme ce fut le cas, entre autres, pour le colonialisme français en Algérie», a encore prédit ce réfugié palestinien. De l'envoyé spécialde l'APS à Amman