Plus d'une centaine de Palestiniens y ont été assassinés ces derniers jours Encore une fois, la communauté internationale constate le peu d'effets de ses exigences sur les actions criminelles de l'armée d'occupation israélienne dans les territoires palestiniens. Hier encore, les combats faisaient rage dans le camp de réfugiés de Jenine assiégé depuis une semaine et pilonné sans arrêt par l'artillerie israélienne. De l'aveu même des officiers militaires israéliens, une centaine de Palestiniens a trouvé la mort dans les dernières quarante-huit heures. L'opération «Rempart» déclenchée le 29 mars dernier prend, ainsi, de plus en plus les allures d'un génocide. Y a-t-il encore quelque chose à comprendre dans les menées criminelles de l'armée israélienne? Outre le fait que l'action qu'elle a déclenchée contre les Palestiniens n'est pas morale, elle foule aux pieds les lois internationales de mise en temps de guerre, exprimées, notamment, par la 4e Convention de Genève. Or, l'armée israélienne depuis son invasion et sa réoccupation des villes palestiniennes ne respecte rien et, tel un bulldozer, écrase tout sur son passage. L'ONU a beau exiger un retrait immédiat, le président américain Bush demander un repli «sans délai» Sharon n'en a cure et poursuit l'extermination du peuple palestinien qui n'a pas les mêmes moyens pour se défendre. Sous la pression internationale, les Israéliens avaient annoncé, lundi soir, avoir évacué les viles de Kalkylia et Tulkarem. En fait c'était plus un redéploiement qu'une évacuation, manière de calmer l'opinion internationale horrifiée par les scènes de massacre en Cisjordanie. De fait, des responsables palestiniens ont qualifié, hier, de duperie l'annonce du retrait israélien de ces deux villes affirmant. «C'est un nouveau mensonge israélien car ils ont renforcé le siège de ces deux villes et sont entrés dans de nouveaux secteurs», comme l'a déclaré le ministre palestinien de l'Information Yasser Abed Rabbo. Cependant, rien n'est venu confirmer hier un quelconque retrait de l'armée israélienne des villes sus indiquées. Ce qui fait dire au chef de la diplomatie espagnole, Josep Piqué, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne: «Qu'il y ait des retraits, est une bonne chose, mais il faut que ce soit des retraits inconditionnels. Il ne faut pas seulement que cela intervienne parce que Israël considère que le travail est terminé dans ces villes, alors que l'occupation continue dans d'autres villes» indiquant par ailleurs, que l'annonce par le gouvernement israélien de créer de «zones de sécurité» en Cisjordanie «est incompatible avec l'application des résolutions des Nations unies». Nations unies, où se trouve à l'examen, par le Conseil de sécurité, un projet de résolution arabe demandant à Israël «puissance occupante, de respecter les Conventions de Genève relatives à l'occupation de territoires par les forces armées» exigeant également «la complète liberté de mouvement et d'action pour toutes les organisations humanitaires dans l'ensemble des territoires occupés par Israël depuis 1967». Ce même projet déplore la non-application des précédentes résolutions et en exige «l'application immédiate». Toutefois, les observateurs sont peu convaincus de l'adoption de ce document en tant que résolution de l'ONU, doutant qu'il soit avalisé par les Etats-Unis qui se sont toujours opposés, par leur veto, à tout projet défavorable à Israël. Lundi, le Conseil de sécurité avait fait savoir à l'ambassadeur israélien auprès de l'ONU, que le Conseil «ne pouvait pas comprendre pourquoi Israël n'applique pas les résolutions (de l'ONU)». Jeremy Greenstock, ambassadeur de Grande-Bretagne, enfonce le clou et déclare: «Je pense que les Israéliens n'ont pas encore compris que les violences, et cela veut dire la violence contre les civils dans les territoires palestiniens occupés, doit cesser.» Dans la situation qui est celle vécue par les populations palestiniennes, faisant face aux sanglantes représailles de l'armée israélienne, la visite du secrétaire d'Etat américain, le général Colin Powell, est quasiment passée au second plan. Outre l'accueil froid qui lui fut réservé dans ses premières étapes au Maghreb et au Proche-Orient, les dirigeants arabes ont fait comprendre à l'envoyé du président Bush, que la résistance palestinienne aux exactions israéliennes, est juste et que le président Yasser Arafat, élu du peuple palestinien, est le seul interlocuteur légitime des Israéliens. Ainsi, les Arabes s'inscrivent en faux contre la prétention de Sharon, soutenu par George W.Bush, d'isoler le président palestinien, alors que, arrogant, le chef du gouvernement israélien ambitionne de choisir ses interlocuteurs palestiniens. Pour autant, les Arabes qui ont les moyens de faire plus donnent surtout l'impression de se cantonner dans une légalité internationale dont on ne semble pas trop leur en savoir gré. Car au moment où à Beyrouth, les Arabes faisaient le choix stratégique de la paix, Sharon y a répondu en déclenchant une opération de génocide contre le peuple palestinien.