Et voila. C'est fait. La Sonatrach a pris la SSPA-MCA. La signature par laquelle cela s'est réalisé a eu lieu lundi après-midi du côté d'Hydra, là où se trouve la direction des affaires sociales de la compagnie pétrolière. On a failli sortir le bendir et les tambourins pour fêter l'évènement. Tout le monde avait un sourire large comme ça. Tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes. Le Mouloudia peut dormir tranquille, il est entre de bonnes mains. L'affaire n'est pourtant pas aussi claire qu'on veux bien l'admettre. Cette opération s'est-elle déroulée dans les normes légales et règlementaires ? On en doute. Pour le bien du football algérien, c'est un point positif qu'un club professionnel trouve un repreneur mais il y a des règles à respecter et nous ne sommes pas sûrs qu'elles l'ont été à 100% dans le cas du mariage Sonatrach-SSPA MCA. Cette SSPA a été créée durant l'été 2010. Pour ce faire, les membres du précédent comité directeur du CSA-MCA avaient débloqué la somme de 100 millions de centimes des caisses de ce CSA, argent grâce auquel ils avaient créé le capital de la SSPA. Démarche règlementaire puisque le décret exécutif relatif aux sociétés sportives commerciales stipule que le CSA est actionnaire de la SSPA. Ils se seraient arrêté à cette étape, personne n'aurait trouvé à redire, mais ils ont franchi le pas qu'il ne fallait pas. Il se trouve que ces messieurs avaient décidé d'aller plus loin et là ils sont tombés dans l'illégalité à savoir qu'ils avaient divisé la somme du CSA versée dans le capital de la SSPA en 10 parts égales réparties entre les 10 membres du comité directeur du CSA. Ces gens s'étaient ainsi retrouvés actionnaires de la SSPA avec de l'argent qui ne leur appartenait pas. Parmi eux l'ancien international, Abdelouahab Zenir, avait avoué s'être retrouvé actionnaire sans qu'il le sache vu qu'il n'avait pas donné le moindre sou de sa poche. Même son de cloche chez deux autres membres de ce comité directeur, Ahmed Gaceb et Kamel Longar, qui, eux aussi, ont admis être devenus actionnaires de la SSPA avec l'argent du CSA. Ces deux derniers membres ont préféré ne pas assister à la cérémonie de lundi comme pour marquer leur désaccord avec une opération qu'ils estiment pas tellement conforme à la règlementation. Ce sont avec ces membres, qui ont utilisé l'argent d'autrui pour entrer dans le capital de la société commerciale, que Sonatrach a négocié puis signé le protocole d'achat de lundi dernier. Elle a ignoré les membres de l'actuel CSA qui doit obligatoirement être membre du futur conseil d'administration. Le CSA dont on parle est issu de l'élection du mois d'août 2012 et qui vient d'être agréé par l'administration algérienne (nous possédons une copie de cet agrément dans lequel sont spécifiés le nom du président, Amar Brahmia et ceux de tous les membres du comité directeur. L'administration invite même le CSA-MCA à publier la liste de son nouveau comité directeur dans la presse. Ce qui a été fait). Respecter les textes du pays c'est se soumettre à la décision de l'administration de ce même pays. Or Sonatrach n'a pas négocié avec l'actuel CSA. Elle l'a fait avec des gens qui sont tous démissionnaires. Son P-DG a annoncé, après la cérémonie de lundi, que ces négociations avec le CSA actuel vont se faire incessamment. Il aurait fallu le faire avant et non pas après la signature du document de lundi dernier. On ajoute que le P-DG de la compagnie pétrolière, Abdelhamid Zerguine, se trompe lorsqu'il affirme que Sonatrach veut acheter toutes les actions. Il y a en Algérie un décret exécutif sur les sociétés sportives commerciales et ce texte précise bien que dans le cas d'une SSPA, le CSA doit posséder des actions et être membre du conseil d'administration. Il apparaît donc que le CSA que préside Amar Brahmia est un élément incontournable avec lequel il va falloir, très rapidement, entamer des discussions autour d'une table conformément aux dispositions de la règlementation algérienne. Lundi, un des responsables qui ont représenté la SSPA-MCA a indiqué à la presse que «cette opération a été voulue en haut lieu». Que veut dire ce personnage ? De quel «haut lieu» parle-t-il ? Et ce «haut lieu», comme il le qualifie, peut-il agir à sa guise jusqu'à fouler au pied les textes de l'Algérie pour une simple histoire de football professionnel ? Quand on parle de l'Algérie on fait référence à un Etat de droit et non au droit d'un Etat qui supposerait que des opérations, pas conformes à 100% avec la règlementation en vigueur, peuvent se réaliser au vu et au su de tout le monde. C'est le sport, le football et le Mouloudia d'Alger qui y gagneront.