En dépit de sa criminalisation par le biais d'une loi publiée dans le bulletin officiel il y a six ans, la torture sévit toujours au Maroc et ceux qui la pratiquent ne sont guère inquiétés, puisque dans la plupart des cas, ils jouissent de l'impunité absolue. C'est là un constat dénoncé par l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH). «En dépit de la publication, dans le bulletin officiel, de la loi l'incriminant depuis près de six ans, la torture est toujours pratiquée avec impunité», écrit cette association dans une déclaration rendue publique ce lundi, qui correspond à la Journée mondiale des droits de l'homme. La même association persiste et signe en affirmant que «les violations continues des droits humains au Maroc, dévoilées par les nombreux rapports d'instances et de coalitions des droits humains marocains, d'organisations internationales, du Conseil national des droits de l'homme sur la torture, les traitements cruels, inhumains ou dégradants atténuaient l'importance des acquis réalisés cette année par le mouvement des droits de l'homme.» L'AMDH activant en qualité d'organisation non gouvernementale et qui célèbre cette année cette journée sous le slogan «Tous ensemble pour la libération des détenus du Mouvement du 20 février et de tous les détenus politiques», a rappelé, entre autres, dans sa déclaration, le contenu d'un rapport établi par des experts onusiens confirmant «le caractère systématique de la torture exercée contre les détenus du dossier du terrorisme». Elle appuie ses propos en citant une multitude de cas de maltraitance et d'actes de violence pratiqués par le régime du Makhzen contre ses opposants de tous bords. «La torture subie par de nombreux activistes du Mouvement du 20 février à Casablanca et dans d'autres villes, par les militants de l'Union nationale des étudiants marocains à Kénitra, entre autres, et la violence employée dans de nombreux sit-in pacifiques de citoyens dans les différentes régions et notamment à Taza, Bni Bouayache, Chlihate (Larache) et dans de nombreuses autres régions où des manifestants pacifiques ont été sévèrement et injustement violentés», est-il écrit dans la même déclaration. Par ailleurs, l'AMDH a souligné que cette année 2012 «s'est caractérisée par des pratiques violentes et dégradantes exercées par les autorités ou sous leurs ordres contre des centaines de migrant(e)s subsaharien(ne)s» et par les violences et les «traitements cruels» subis par les bonnes de la part de leurs employeurs, révélés par le rapport de l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW). Qu'il s'agisse de la liberté d'opinion et d'expression, de droit de la presse, celui de rassemblement ainsi que la liberté d'organisation, des droits syndicaux et droits de la femme, tous ces principes universels liés intimement à la notion des droits de l'homme sont bafoués au Maroc et à plusieurs reprises, selon la même association qui interpelle les autorités de ce pays à respecter les droits humains, tels qu'ils ont universellement reconnus. «L'engagement du Maroc à respecter les droits humains tels qu'ils sont universellement reconnus exige la ratification de toutes les conventions internationales, la levée des réserves sur les conventions ratifiées, la promulgation réelle dans la Constitution de la primauté des conventions internationales sur la loi marocaine sans conditions, l'harmonisation de la législation locale avec les conventions ratifiées, la mise en application des recommandations des comités onusiens et le respect des droits humains dans la réalité», est-il également souligné dans la déclaration de l'AMDH.