L'affaire du Mouloudia d'Alger est loin d'être terminée. Au vu des évènements qui se succèdent, on peut même dire qu'elle n'en est qu'à son début. C'est bien de dire que Sonatrach vient d'acheter la majorité des actions du capital de la SSPA, le tout est de savoir si cette opération jouit de l'aval de l'administration algérienne garante de l'application des lois et règlements du pays. En tout cas, tant que le CSA-MCA, incarné par sa direction élue en août 2012, restera en dehors du club professionnel, ce dernier ne pourra activer de manière légale. Ce que les responsables de la compagnie pétrolière semblent négliger c'est le fait que le club que Sonatrach vient d'acheter ne peut jouer avec le sigle et les couleurs du MCA qu'avec l'accord du CSA et si ce dernier venait à être mis de côté, l'idée pourrait lui prendre de retirer cet accord pour laisser la Sonatrach jouer avec un club fantôme. C'est ce qui est ressorti des déclarations faites hier matin par les responsables du CSA-MCA lors de la conférence de presse qu'ils ont animée à l'hôtel du Mouflon d'Or. C'est le président de ce CSA, Amar Brahmia, qui en a été le principal orateur qui a, avec des images vidéo à l'appui, mis en pièces tout le processus qui a conduit à la création de la SSPA-MCA, démontrant ce que Kamel Longar, un de ceux qui ont été à l'origine de cette création, avait déclaré à un journal, à savoir que «cette SSPA était née grâce à un trucage». En somme, Sonatrach a ignoré les représentants légitimes du CSA pour négocier avec ceux qui auraient fait usage d'un «trucage» pour créer la SSPA. C'est ce qui a été dit lors de la conférence de presse. Un conférence au cours de laquelle on a pu entendre des membres de la SSPA déclarer qu'aucun d'eux n'a mis le moindre centime de sa poche pour entrer dans le capital de la SSPA et que les actions qu'ils détiennent, ils ont pu les acheter grâce à l'argent du CSA. On a pu également voir un document signé de la main d'un de ces membres, où il indiquait avoir procédé à une telle démarche pour acquérir des actions et qu'il allait rembourser le CSA. Autre document, une déclaration à la presse du principal négociateur avec la Sonatrach qui disait au mois de juillet 2012, que les responsables de cette compagnie avaient publié un communiqué dans lequel ils annonçaient que Sonatrach allait reprendre le MCA. En apprenant cela, ce personnage avait dit : «Tout cela est faux. Sonatrach est une entreprise publique et en tant que tel, elle ne peut entrer dans le capital d'un club professionnel. En tout cas je peux vous l'affirmer : cette société ne reprendra jamais le MCA.» C'est ce personnage avec lequel la Sonatrach a pourtant négocié et c'est lui qui a été mis sur le devant de la scène lundi dernier lors de la signature du document attestant l'achat du Mouloudia par la Sonatrach. Pour Amar Brahmia «des gens osent parler de membres fondateurs du MC en 2008. C'est une aberration. Nous avons un agrément qui indique que ce club a été créé en 1921. Depuis quand le MCA a-t-il été créé en 2008 ? Et si on veut parler de membre fondateur on n'en connaît qu'un, en l'occurrence celui qui l'a mis au monde en 1921, Abderahmane Aouf. J'ajoute que le CSA que je préside a pour mission essentielle de défendre le sigle et les couleurs de ce club ainsi que ses valeurs fondamentales». De son côté, un des membres de l'actuel CSA, Djamel Rachedi, s'est interrogé sur le fait que des gens qui ont mené le club vers la catastrophe avec une dette abyssale se retrouvent dans la nouvelle organisation de la SSPA. «Normalement quelqu'un qui n'a fait qu'endetter le club devrait être mis hors circuit. Ce n'est pas le cas au MCA où un tel personnage est toujours opérationnel, a-t-il déclaré. Il y a quelqu'un qui a 13 affaires en justice pour émission de chèques sans provision, à qui une juge a dit «vous faites honte à ce club historique» et qui continue à faire partie du jeu. Eh bien sachez que si cela est possible c'est parce qu'il y a quelqu'un du côté de Rome, quelqu'un que vous connaissez et qui se nomme Rachid Marif, qui active en ce sens.» Amar Brahmia, qui dit avoir reçu l'appui de l'ex-président du club, Abdelkader Drif, fera savoir à l'assistance que «tout ce que fera le CSA le sera dans le cadre de la loi et de la règlementation. Nous applaudissons au fait que Sonatrach ait repris le SSPA mais nous ne saurions accepter que le CSA reste en dehors du circuit. Nous avons bien lu les déclarations du P-DG de Sonatrach qui a dit que des négociations avec le CSA allaient être entreprises. Nous attendons de voir l'évolution des choses. Sachez qu'un dossier est entre les mains de nos avocats qui attendent un signal de notre part pour entamer des démarches auprès de la justice pour que le CSA retrouve ses droits.»" Signalons que cette conférence de presse a été suivie par un grand nombre de personnalités parmi lesquels l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, Aziz Derouaz, le président du CSA-CRB Mokhtar Kalem, la championne d'Algérie du triple saut, Baya Rahouli, qui a signé une licence en faveur du vieux club algérois, ainsi que des présidents de fédérations sportives.