Les Egyptiens ont commencé à voter ce samedi sur un projet de Constitution vivement dénoncé par l'opposition, qui accuse les islamistes de chercher à imposer un carcan religieux au pays, près de deux ans après le renversement d'Hosni Moubarak. En raison d'une révolte des juges, une grande partie d'entre eux refusant de superviser les opérations de vote, ce référendum se déroulera en deux temps, avec un deuxième jour de scrutin samedi prochain. Plusieurs dizaines de personnes patientaient devant certains bureaux de vote, qui ont ouvert à 08h00 (06h00 GMT) et fermeront 12 heures plus tard, au Caire et dans d'autres villes, alors que quelque 26 des 51 millions d'électeurs égyptiens sont appelés aux urnes ce samedi. "Les cheikhs nous ont dit de voter 'oui'. Et j'ai lu la constitution et elle me plaît", raconte Adel Imam, un homme de 53 ans patientant dans la file d'attente d'un bureau de la banlieue du Caire. "Les pouvoirs du président sont moins importants qu'auparavant. Il ne peut être un dictateur." "J'ai voté 'non' par devoir patriotique. La constitution ne représente pas tous les Egyptiens", explique en revanche Michael Nour, enseignant chrétien de 45 ans à Alexandrie, deuxième ville du pays. Les Frères musulmans semblent confiants dans l'adoption de cette nouvelle Constitution. Bien que n'étant pas à l'origine de la révolution ayant abouti au renversement d'Hosni Moubarak, la confrérie islamiste a remporté tous les scrutins organisés depuis grâce, notamment, à une présence efficace sur le terrain à travers le pays. Elle semble en outre miser sur la lassitude de la population face au chaos politique et économique persistant depuis la chute d'Hosni Moubarak. Pour les Frères musulmans, l'adoption de la Constitution permettra d'avancer vers un régime démocratique stable. Si le texte est approuvé, des élections législatives devraient être organisées dans le courant de l'année 2013 pour former un nouveau parlement. Coalition hétéroclite de libéraux, de laïcs, de chrétiens ou encore de partisans de l'ancien régime, l'opposition accuse les Frères musulmans de vouloir passer en force sur un texte élaboré par une assemblée dominée par les islamistes et dont elle avait fini par boycotter les travaux. Si elle a obtenu du président Mohamed Morsi, issu de la confrérie islamiste, le retrait d'un décret lui accordant provisoirement des pouvoirs étendus, elle n'est en revanche pas parvenue à empêcher la tenue du référendum. Formé pour l'occasion, son Front de salut national (FSN) a appelé à voter "non". Les deux camps ont encore tenté vendredi de mobiliser leurs partisans dans les rues. Des opposants se sont rassemblés aux abords du palais présidentiel, qui reste protégé par la police et l'armée après les violences qui ont fait au moins huit morts en début de mois. Des islamistes se sont pour leur part rassemblés près de l'une des plus grandes mosquées du Caire en scandant "Islam, islam" et "nous sommes venus dire 'oui' à la Constitution". A Alexandrie en revanche, les rassemblements ont dégénéré en affrontements et plusieurs voitures ont été incendiées. L'armée a déployé environ 120.000 soldats et 6.000 blindés pour protéger les bureaux de vote et les édifices publics. Les résultats officiels du référendum seront annoncés uniquement après le deuxième jour de vote mais des tendances devraient rapidement émerger après ce samedi.