La fièvre du Sénat a gagné les élus de la wilaya de Tlemcen où dix candidats sont en lice pour les élections sénatoriales. Les rumeurs les plus folles circulent à ce sujet, et colportées, à tort ou à raison, par les élus-électeurs eux-mêmes. «On ne m'a pas proposé dix millions de centimes», affirment sans aucune retenue les uns, et «15 millions» pour les autres. Toujours est-il que la surenchère entre postulants a commencé et une course effrénée s'est engagée entre ceux qu'on considère sur la place publique comme étant des «grosses cylindrées». Chacun use de sa méthode pour s'attirer les faveurs des électeurs et l'hôtel Les Zianides ne chôme pas en cette période où l'élu-électeur est choyé. Dîners, invitations, cadeaux de fin d'année et considérations particulières entourent celui ou celle qui va les porter dans cette haute chambre du Parlement. Il n'est de secret pour personne que toutes ces sollicitations ont un prix où la «chkara» reste l'unique recours pour convaincre les réticents. Certains candidats l'affichent ouvertement et sans gêne. Des directions de campagne ont été mises en place et des rabatteurs de voix ont été engagés. Ils sillonnent toutes les communes et proposent «des tarifs» fixés par leurs candidats respectifs. Ce procédé a déjà fonctionné lors de l'installation des présidents d'APC où on parle de sommes colossales versées à certains élus pour s'attirer leur alliance considérée, dans certains cas, «contre nature». Les «transactions ont touché presque l'ensemble des communes, surtout celles qui étaient en ballottage avec d'autres partis politiques. Les élections sénatoriales ne sortent donc pas de cette configuration, devenue légion à chaque élection locale ou législative. Tout le monde sait que certains ont versé de fortes sommes à leur formation politique pour figurer en tête de la liste électorale et se retrouvent aujourd'hui maires, députés, présidents ou membres des APW. Ceux qui postulent au Sénat ne sortent pas de cette «logique» où le pouvoir de l'argent est devenu malheureusement incontournable pour toute consécration politique. D'ailleurs la «chkara» a été évoquée ouvertement par plusieurs responsables de partis politiques et a défrayé la chronique à chaque élection devant le silence injustifié et incompréhensible des pouvoirs publics. C'est ce constat qui est observé à Tlemcen à l'approche du jour J et le sujet est abordé par l'ensemble des citoyens qui considèrent «que c'est la faute de l'Etat qui a mis en place ce mode électoral qui a donné naissance à cette forme de «corruption politique», ajoutant que ce sont les partis politiques qui la nourrissent, et de ce fait, on assiste avec impuissance à l'émergence de la médiocrité dans les choix des élus au détriment de la compétence qui n'a pas les moyens d'affronter ces «gros pontes», avant de s'interroger sur «l'origine de leur fortune dont l'Etat se soucie peu». Il est vrai qu'on assiste à un virage très dangereux dans l'exercice politique dans notre pays sans se demander si un jour on ne sera pas gouverné par cette mafia politico-financière dont tout le monde parle et qui est citée même dans le discours officiel. La solution réside, selon les observateurs, «dans la révision des textes régissant toutes les assemblées élues et de rendre honorifiques les postes d'élus afin de permettre l'émergence des élites politiques dont le seul souci serait de servir le peuple et la République», concluant «que tant que l'Etat verse des salaires énormes à ces députés, le problème de la «chkara» ne disparaîtra pas. C'est tout le système qui est à revoir». En attendant la révision de ces textes, c'est la bataille du «plus offrant» qui fait rage à Tlemcen. Pour l'anecdote, lors de la précédente élection sénatoriale, un candidat a stationné sa voiture de luxe tout près du siège de l'APW et chaque votant acquis s'y rendait pour empocher son enveloppe. La scène s'est déroulée au vu et au su de tout le monde. No comment !