Le renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation (Sénat) de jeudi prochain marquerait vraisemblablement la prise en main de la Chambre haute du Parlement par le Front de libération nationale (FLN). C'est incontestablement, ce qui caractérise le plus ce processus électoral intéressant les grands électeurs (les élus locaux). Relégué en deuxième position derrière le Rassemblement national démocratique (RND), depuis l'implication en 1995 d'une aile de cette formation à travers son ex-secrétaire général Abdelhamid Mehri dans le contrat de Rome, le FLN compte à la faveur de l'échéance du 28 décembre prochain imposer son hégémonie sur cette institution créée en 1996 du temps de l'ex-président Liamine Zeroual. Et cela par la logique des chiffres. Autrement dit, le FLN parti de l'actuel Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, détient la majorité dans les Assemblées locales élues (APC et APW) au niveau de quarante-six wilayas sur les quarante-huit existantes et ce sont les élus locaux qui constituent le corps électoral lors de ce renouvellement des membres du Sénat. Ce qui veut dire qu'arithmétiquement parlant, le FLN a toutes ses chances de rafler 46 sièges au Sénat sur les 48 qui seront renouvelés jeudi prochain. Cette tendance est cependant mise à mal par l'initiative de certains élus locaux de la formation de Belkhadem qui ont décidé de se porter candidats aux sénatoriales en se passant de l'aval de leur parti. Cette attitude, qui intéresse une vingtaine d'élus locaux du FLN, a été mise en évidence, le 13 décembre dernier, au lendemain des résultats des élections sénatoriales primaires tenues au niveau des wilayas du pays et qui ont vu l'émergence de trois élus candidats au Sénat au lieu d'un seul. Les élus que la direction du FLN n'a pas choisis pour figurer en tant que candidats officiels du parti à l'occasion des joutes du 28 décembre ont, en effet, exprimé leur colère par rapport aux options de cette derrière en postulant au Sénat au titre d'indépendants. L'attitude de ces élus locaux fait courir un grand risque au FLN : en effet, ce parti risque de voir une dispersion des voix de ses élus locaux (APC et APW) qui, au lieu de voter pour un seul candidat FLN au Sénat et le faire élire, seront divisés entre deux ou trois postulants, compromettant ainsi son élection. Devant ce cas de figure et le péril que court le parti de Belkhadem de se voir ravir la majorité à la deuxième Chambre du Parlement, la direction a décidé de prendre les devants et d'agir en conséquence : autrement dit, de sanctionner les élus locaux qui décident de se porter candidats au Sénat contre la volonté du parti après leur présentation devant la commission de discipline présidée par Madani El-Baradai. Aussi, et avant que les sanctions ne tombent contre ces élus dissidents, la direction a décidé de “geler leur appartenance au parti”. Dans le même ordre d'idées, cet état-major de la formation de Belkhadem a rendu publique une instruction en direction des élus locaux leur demandant de se conformer aux choix de la direction du parti et de s'unir derrière le candidat officiel. Car il faut savoir, dans les faits que le recours à la multiplicité des candidats aux primaires était en fait un choix délibéré de l'état-major du parti (le comité exécutif, les ministres FLN et les présidents de commissions permanentes du parti) qui a voulu avoir son mot à dire dans la sélection des candidats. Par ailleurs et à en croire les échos recueillis au niveau de plusieurs wilayas, la campagne en faveur des candidats officiels du parti se déroule dans de bonnes conditions. Ce qui veut dire que le risque de la dispersion de voix, véritable hantise de la direction s'écarte de plus en plus. Les candidats officiels du parti auront donc de meilleures chances de se voir élire à plus forte raison que des partis non engagés dans les sénatoriales (PT, FNA, RA) reporteront également leurs voix sur les candidats du FLN. Quoi qu'il en soit avec un minimum de trente sièges, le FLN déclassera le RND du Sénat. NADIA MELLAL