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Les sans-domicile-fixe, entre nécessiteux et miséreux professionnels
La face cachée des grandes villes
Publié dans Le Temps d'Algérie le 30 - 12 - 2012

La Direction de l'action sociale de la wilaya d'Oran a renforcé le dispositif de soutien aux couches sociales défavorisées. Au cours de cette année, près de 500 personnes sans domicile fixe, dont 347 mendiants, ont été installées dans les structures de la DAS.
Lors de la dernière vague de froid, une dizaine de centres a été réquisitionnée pour offrir le gite et la nourriture à ces malheureux.
Les services du Croissant-Rouge algérien qui ont participé activement à cette campagne de ramassage ont consacré l'essentiel de leurs interventions, à travers les rues de la capitale de l'Ouest, à l'assistance aux Subsahariens, qui errent sans but dans les rues. Mais le chiffre intéressant qui pourrait retenir l'attention est celui des mendiants recueillis sur la voie publique.
Au cours des dix premiers mois de l'année, ce sont 347 mendiants qui ont été ramassés par les services de la DAS. 19 mendiants, récidivistes ont été traduits devant la justice et certains ont écopé d'une peine de prison allant de 1 à 6 mois de prison.
«Ces campagnes de ramassage de SDF sur la voie publique ne sont pas épisodiques ou conjoncturelles. Elles sont organisées à longueur d'année. Seulement au cours des périodes de grand froid, elles sont multipliées», affirme une source de la DAS. Pour elle, la direction de l'Action sociale (DAS) de la wilaya d'Oran, sur instruction du ministère de tutelle, a lancé une enquête sur le terrain pour recenser aussi bien les mendiants que les SDF qui sillonnent les rues de la ville. «Nous mettons sous surveillance les mendiants qui sont souvent accompagnés d'enfants, parfois en très bas âge et même des nourrissons. Ces mendiants
professionnels les utilisent pour susciter la compassion des passants. Les services de la Direction de l'action sociale ont procédé, en étroite collaboration avec ceux du Samu social et de la Sûreté nationale, au ramassage de 347 mendiants depuis le début de l'année en cours.
Ces mendiants ont été portés sur le fichier de wilaya», affirme notre source qui ne manquera pas de rappeler que depuis la pénalisation de la mendicité, «ce fichier a permis de débusquer plusieurs personnes qui ne sont pas dans le besoin mais qui en ont fait un métier».
28 opérations de ramassage
L'action de solidarité continue a permis le placement de dizaines de SDF dans les douze structures sociales relevant du ministère du Travail et de la Solidarité.
«Lors de la dernière vague de froid, nous avons effectué 22 sorties à travers les rues d'Oran, ce qui nous a permis de ramasser des dizaines de personnes, en majorité originaires des autres wilayas que nous avons placées dans des centres d'accueil dont Diar Rahma de Misserghine», affirme le responsable des opérations de ramassage au niveau de la DAS.
Ces opérations sont menées sous l'égide des services de la wilaya, qui ont programmé cette période précise en raison des rudes conditions climatiques difficiles à supporter pour les sans-abris.
La dernière opération réalisée au mois de novembre dernier a permis le placement de 45 SDF dont une femme et quatre adolescents dans les centres de la DAS dont Diar Rahma de
Misserghine. Il y a lieu de souligner que durant l'année écoulée, les mêmes services ont réalisé 28 opérations de ramassage.
«Nous insistons lors de nos campagnes de ramassage sur les mineurs et les femmes qui sont en danger et qui sont souvent sous la menace de certaines personnes malveillantes», affirme la même source qui ne manquera pas de rappeler que certaines de ces personnes placées, quittent le centre, une fois le redoux installé.
«Ce placement n'est pas obligatoire. Les personnes installées sont assujetties certes au règlement intérieur des structures, mais rien ne les empêche de la quitter quand elles le désirent, et c'est là où réside la difficulté de notre mission, car il s'agira de reprendre à zéro tout notre travail de solidarité», affirme notre interlocuteur.
La difficile mission des centres d'accueil
Actuellement, Oran dispose en plus de Diar Rahma de Misserghine d'une dizaine de structures sociales qui sont sollicitées en période de grand froid pour abriter les SDF. «Leur mission n'est pas l'assistance ponctuelle car elles abritent des personnes du troisième âge, des mineurs ou encore des personnes malades. L'arrivée d'un grand nombre de SDF n'est pas sans créer de frictions entre les personnes vivant à longueur d'année dans ces centres et les nouveaux arrivants».
Cette action nécessite de grands moyens car il faut assurer à ces personnes aussi bien la nourriture que les soins ou la literie. Et c'est une charge pour les gestionnaires de ces structures qui voient leur action de solidarité appuyée par les dons de bienfaiteurs.
La Caserne Benchaabane qui abrite les personnes du troisième âge voit ses effectifs exploser durant les campagnes de ramassage. «C'est un sureffectif qu'il faut savoir gérer et auquel il faut faire face. Gérer cette situation est difficile mais nous nous en sortons grâce surtout à la compréhension des pensionnaires permanents qui nous facilitent la tâche», affirme un responsable de cette structure qui abrite durant les autres mois de l'année une cinquantaine de personnes du troisième âge.
L'hospice pour personnes âgées de Saint-Hubert vit lui aussi les mêmes difficultés en hiver. Cette structure qui n'est pas équipée pour faire face au rush hivernal a appris au fil des années à prendre ses dispositions. «L'hospice n'est pas équipée pour ce genre d'actions, mais nous avons appris à le gérer au fil des années.
Aujourd'hui, nous gérons cette situation avec beaucoup de réussite car nous prenons nos dispositions à l'avance affirme un employé de ce centre d'accueil.
J'habite ma «dodoche»
Ali, un quinquagénaire, originaire de la Kabylie, vit à Oran depuis plus d'une décennie. Pour lui, la vie suit son long fleuve en attendant des jours meilleurs. «Que voulez-vous que j'y fasse.
Il y a quelques années, j'avais pris la route de mon village dans la wilaya de Béjaïa, au volant de ma 2 CV. Arrivé à Oran, j'ai travaillé comme carreleur avant de tomber malade. A ma sortie de l'hôpital, je n'ai pas voulu quitter cette ville où il m'était facile de trouver du travail en raison du bond de l'immobilier durant la décennie noire. Je vivais au cours des premières années dans un hôtel, mais ces dernières années, je dors dans mon véhicule que je parque dans une aire de stationnement à Es-seddikia.
Là-bas, tous les habitants du quartier me connaissent. Ils m'appellent d'ailleurs «eli saken deucheveau (celui qui habite la deux chevaux)». Je ne suis pas un SDF et c'est pourquoi je refuse d'être recueilli dans un centre en hiver. A plusieurs reprises, l'idée m'a effleuré l'esprit durant les nuits froides de l'hiver, mais à chaque fois je reprends
courage et je l'éloigne d'un revers de la mainé, dira-t-il.
Ali ne se définit pas comme un SDF. Pour lui, il a un domicile fixe, mais un peu particulier : son véhicule. «J'y vis, je ne dérange personne et je refuse de rejoindre un centre d'accueil.» Pour lui, vivre dans un véhicule qu'il gare au gré de ses sorties est synonyme de liberté. Avant, quand les mosquées demeuraient ouvertes la nuit, j'y passais la nuit, mais aujourd'hui ce n'est plus possible. Il m'est arrivé, quand le confort d'un lit douillet me prenait, de solliciter une chambre d'hôtel mais aujourd'hui j'ai pris l'habitude de vivre dans la voiture et cela ne me dérange nullement», dira-t-il.
Zohra, l'éternel recommencement…
Cette femme, aveugle, qui vit de mendicité, a connu les pires difficultés de la vie. Elle occupe quotidiennement l'entrée de l'ex-salle Marhaba. Elle reste silencieuse toute la journée, tendant sa main sans prononcer le moindre mot. Il y a quelques années, elle ramenait avec elle son fils aujourd'hui décédé.
«Les nuits passées dans le froid ont eu raison de son corps frêle. Une nuit d'hiver, des passants l'avait découvert inanimé. Transporté à l'hôpital, la maladie avait eu raison de lui. Depuis, sa mère n'a pas changé ses habitudes. Elle continue de quémander aux mêmes passants et au même endroit.
Placée à plusieurs reprises dans des structures d'accueil, elle finit toujours par le quitter pour revenir occuper la même place. «Je ne peux pas vivre dans ces structures. J'ai pris l'habitude de m'installer ici dans mon coin. Je préfère m'installer ici que de me morfondre dans un centre et me rappeler la disparition de mon enfant. Je ne peux pas l'oublier et rester sans rien faire dans un centre d'accueil ne fera que raviver la douleur», dira-t-elle en écrasant une larme.


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