«C'est une grève sauvage qui a pris en otages les usagers. C'est un mouvement de protestation qui n'est pas motivé et qui est illégal», a indiqué une source de la direction de wilaya d'Algérie Poste. Lundi matin de bonne heure, des dizaines de personnes, hommes et femmes parmi lesquelles des personnes âgées, grelottant de froid, faisaient la queue devant le bureau de poste Oran El-Moudjahid, ex-Miramar, pour retirer de l'argent. Aux environs de 8 h, et ne voyant pas la lourde porte qui donne accès au local s'ouvrir, ces usagers ont commencé à manifester des signes d'impatience. La file d'attente grossissait à vue d'œil devant le portail et ce n'est que vers 8h30 qu'un agent a osé sortir pour apposer sur la lourde porte un écriteau sur lequel on pouvait lire «personnel en grève» et affronter les usagers courroucés. Dans ces explications à la foule, il dira que le mot d'ordre de grève n'a été décidé que quelques minutes avant l'ouverture des bureaux et c'est un moyen pour protester contre les salaires bas. «Nous sommes mal payés et nous travaillons dans des conditions pénibles», dira-t-il avant de rentrer très vite dans le bureau. La colère des usagers a atteint son comble quand ils ont compris que les agents n'étaient pas près de reprendre le travail. Et ce furent les mêmes scènes de colère dans la majorité des bureaux de poste du centre-ville. Des membres du bureau syndical que nous avons contactés ont confirmé le débrayage, tout en affirmant qu'ils n'ont fait qu'obtempérer à un mot d'ordre du bureau national. «Vous aurez peut-être des explications dans la journée. Certes le mouvement de protestation a été brusque mais nous pensons que les dispositions légales ont été respectées, il ne s'agit pas du premier mouvement de protestation que nous organisons. Le service minimum sera décidé par le bureau national», affirment nos interlocuteurs qui n'avancent aucune date pour la reprise du travail. Une source de la direction de wilaya d'Algérie Poste avoue que le débrayage a pris au dépourvu même les responsables de l'entreprise. «Nous n'avons aucune explication. Le ministère a déjà engagé des négociations avec le partenaire social et cette grève n'avait pas lieu d'être puisque le dialogue n'était pas rompu. Nous considérons ce mouvement comme une absence injustifiée puisque aucun préavis n'a été déposé auparavant», affirme notre source. Et en attendant, les usagers se sont retrouvés lundi dernier otages d'un conflit qui ne semble être assumé ni par les responsables du syndicat ni par leurs pairs de l'entreprise.