Choquée, la base militante du RND n'arrive toujours pas à admettre la démission du leader de cette formation politique du poste de secrétaire général qu'il a occupé depuis 1999. «Des tas de communiqués de différentes wilayas du pays demandent à Ahmed Ouyahia de revenir sur sa décision», affirme Nadia Loudjertmi, membre du bureau national, rencontrée hier au siège du parti à Ben Aknoun. Le siège du parti a abrité dans la matinée d'hier une réunion à huis clos des coordinateurs du parti au niveau des 48 wilayas et en présence des membres du bureau national, entre autres, Abdesselam Bouchouareb, Abdelkrim Harchaoui, Nouara Djaffer, Fouzia Bousahnoun et Seddik Chihab, pour ne citer que ceux-là. «L'objet de la réunion a trait à la préparation de la prochaine réunion du conseil national du parti prévue les 17, 18 et 19 du mois en cours», nous fera savoir notre interlocutrice. Elle précisera également qu'Ahmed Ouyahia n'a pas assisté à cette réunion. «Il n'a pas quitté son bureau pendant toute la durée de cette réunion. Il n'a pas également cessé de recevoir des coordinateurs au niveau de wilayas venus lui transmettre le regret des militants suite à l'annonce de sa démission», ajoute-t-elle. Une annonce soudaine, inattendue ayant provoqué l'effet d'un véritable séisme dans la maison RND, à telle enseigne que même les adversaires d'Ouyahia étaient eux aussi ébranlés, voire complètement déroutés par la teneur de la missive qu'il a adressée jeudi dernier aux militants du parti. Des différents scénarios échafaudés par les observateurs suite la dernière sortie, pour le moins surprenante, de l'ex-Premier ministre, l'on retrouve celui mettant en avant l'idée d'Ouyahia partant pour mieux rebondir au sein de sa famille politique. En ce sens, Nadia Loudjertmi, membre du bureau national, écarte d'un revers de la main toute possibilité d'un rebondissement du secrétaire général démissionnaire à l'occasion du prochain conseil national du parti. «Il ne faut pas perdre de vue qu'Ahmed Ouyahia est aussi un homme de décision. S'il a fait part publiquement de son départ du poste du secrétaire général du parti au sein duquel il demeure toujours militant, ce n'est certainement pas pour changer d'avis au bout de quelques jours», nous dit-elle, ajoutant qu'aux premiers instants ayant suivi l'annonce de sa démission, des centaines de militants du parti et de nombreux hauts cadres du RND tentent vainement de le faire revenir sur sa décision. M. Ouyahia, qui a jugé utile de renoncer au poste de secrétaire général du RND, non pas par «calculs personnels», comme il l'a souligné dans sa dernière lettre aux militants, mais plutôt pour préserver la cohésion des rangs du RND, a gagné plus de considération aux yeux des militants du parti», ajoute notre interlocutrice. Elle insiste : «S'il y a retour d'Ouyahia à la tête du parti, une telle hypothèse ne pourra se faire jour avant le prochain congrès prévu au deuxième semestre 2013. Et là encore, il s'agit d'une probabilité». «Un conseil national majoritairement acquis» On apprendra par ailleurs qu'au sein du conseil national du RND composé de 290 membres, la majorité ne se compte pas dans le rang des adversaires du secrétaire général démissionnaire. «C'est seulement une soixantaine de militants jouissant de la qualité de membres du conseil national qui ont signé pour le départ d'Ouyahia à la tête du parti», nous dira un autre militant du RND, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat. Il ajoutera que parmi ces 60 membres figurent une quinzaine de militants qui ont été désignés par Ahmed Ouyahia lui-même au sein dudit conseil constituant l'organe suprême du parti entre deux congrès. L'ex-Premier ministre a-t-il été trahi par ceux qu'il considérait comme ses fidèles collaborateurs ?