Les voyageurs préfèrent se déplacer à bord des bus du transporteur public. Les opérateurs privés rusent avec les clients faute de pouvoir concurrencer l'ETUSA.Sur les lignes mixtes du transport urbain de voyageurs, l'ETUSA et les transporteurs privés jouent au chat et à la souris. Dans ce film quotidien, le transporteur public joue au chat alors que les propriétaires de bus privés jouent à la souris. L'anarchie qui caractérise le transport dans le secteur privé est toujours de mise. Sa persistance fait fuir les voyageurs qui se rabattent sur les bus de l'ex-RSTA. Les opérateurs privés ont fini par subir les conséquences de leurs pratiques. La liste des méfaits est longue : non-respect des horaires, stationnements prolongés dans les arrêts, manque de respect envers les gens et surtout un matériel en complète détérioration qui roule péniblement. Face au parc roulant de l'opérateur public, ces bus privés ne pèsent plus rien aux yeux de la clientèle. A la gare routière de la place des Martyrs (Casbah), les transporteurs travaillant à leur propre compte assistent impuissants à la fuite des voyageurs. Le phénomène est perceptible sur les lignes mixtes Aïn Bénian, Chevalley, Bouzaréah et Ben Aknoun. Le cas des transporteurs privés assurant la ligne Casbah-Ben Aknoun est très révélateur. Auparavant, le chauffeur ne quittait la station de La Casbah qu'une fois le «plein» fait. Généralement, l'attente durait de 30 minutes à 1 heure. Quand les voyageurs se plaignaient, la réplique des receveurs était la même : «Prenez un taxi !» Actuellement, par la force des choses, la méprise des clients a été atténuée. Même si le bus est quasiment plein, on remarque que tous les regards scrutent les couloirs réservés au transporteur public, guettant le moindre bus. Une fois celui de l'ETUSA arrivé, celui du privé se vide d'un seul coup ! Ce comportement ne doit rien au hasard : le parc roulant de l'ETUSA est plus confortable, plus rapide et ses chauffeurs sont plus ou moins à cheval sur la durée d'attente à la gare (10 à 15 minutes au maximum) et ne se mobilisent dans les arrêts que pour laisser descendre ou monter les voyageurs. En somme, c'est tout le contraire des pratiques des transporteurs privés. Ces derniers ont toutefois trouvé le moyen de s'adapter au diktat de l'ETUSA. Désormais, il est question de faire le guet. Quand les receveurs tentent à la criée d'attirer les voyageurs, leurs chauffeurs surveillent l'entrée des cars bleu-blanc. Il suffit qu'un bus public entre dans la station pour que ses concurrents soient pris de panique. C'est à ce moment-là que les chauffeurs privés se mettent précipitamment au volant et démarrent. Le but de cette manœuvre est d'empêcher les usagers de descendre pour rejoindre l'opérateur public. La ruse fonctionne dans la plupart des cas.