Sans donner aucune explication, le transporteur public Etusa a décidé, depuis hier matin, de faire payer plus cher les places dans ses bus. La barre a été placée plus haut : 50% d'augmentation sur toutes les lignes de transport urbain. Les déplacements à bord des téléphériques du Hamma, Bologhine et du Palais de la Culture reviennent également à 20 Da au lieu de 15. Durant la première journée, ce sont les receveurs qui ont fait les frais de cette mesure. Certains parmi eux ont même été priés de rentrer chez eux pour avoir refusé d'affronter les clients non avertis. La fête de l'Indépendance et de la jeunesse (5 juillet) a été différemment célébrée cette année. Chacun a trouvé le moyen de se distinguer. Chez le transporteur public de voyageurs, Etusa, il a été décidé d'appliquer de nouveaux tarifs. Cette mesure inattendue est entrée en vigueur hier matin, à la grande surprise des voyageurs, la plupart des habitués des bus «bleu-blanc». Il faut dire que l'Etusa a mis la barre très haut. Les augmentations sont en effet de l'ordre de 50% sur toutes les lignes. Les déplacements entre Ben Aknoun, la place des Martyrs (la Casbah) ou la place Maurice Audin (Alger-Centre) par exemple reviennent désormais à 30 Da la place au lieu de 20 DA comme d'habitude. De plus, le tarif minimum payé pour un déplacement entre deux arrêts passe de 15 DA à 20 DA. Mais pas seulement. L'entreprise gère également les téléphériques de Bologhine, du Hamma et du Palais de la Culture. Là aussi les tarifs ont été relevés au même titre que les déplacements par bus. Pourquoi cette augmentation ? Si les clients ont été surpris d'apprendre que les tarifs ont été augmentés, c'est qu'ils étaient mis devant le fait accompli. Le transporteur public ne s'est pas donné la peine de les en informer au préalable. Dans les bus, des affiches d'information ont été pourtant placardées sur la vitre de la loge du receveur. C'est dans ce communiqué, non daté, que la direction de l'Etusa a annoncé la nouvelle. Seulement, ces avis ont été affichés dans les bus uniquement depuis la matinée, au moment de l'ouverture du service. Naturellement, ce sont les receveurs qui ont encaissé le coup, recevant les critiques amères mais fondées des usagers. Les réactions sont très vives, beaucoup de voyageurs ont perdu leur sang- froid devant cette situation imprévue. «Le comble, c'est que le receveur ne vous prévient même pas que les tarifs ont augmenté ; c'est à vous de le découvrir» . «La monnaie monsieur !», lance un homme âgé à un receveur. «Il n'y a pas de monnaie, les tarifs ont été augmentés ce matin !» lui répond-il. S'ensuit un échange de propos empreints de colère. Pour toute réponse, le receveur rétorque : «Allez vous plaindre à la direction. C'est elle qui a décidé d'augmenter les prix et c'est à elle de vous expliquer pourquoi.» Comme le client n'était pas satisfait de cette réponse, le jeune receveur vide son sac : «Alors sachez que beaucoup de receveurs ont été renvoyés chez eux ce matin parce qu'ils ont refusé d'affronter les clients seuls en leur faisant appliquer des mesures dont ils ne sont même pas au courant. Je n'ai pas à me disputer avec vous, alors que les responsables se cachent dans leurs bureaux climatisés». Mieux, il invite les voyageurs à ne pas payer ! Ces derniers, se sentant méprisés, commencent à faire des projets. Ils pensent retourner vers les opérateurs privés, malgré l'anarchie qui caractérise leur intervention dans le secteur. Pour le moment, le privé n'a pas changé ses tarifs. Dans les lignes mixtes, la différence dans le prix passe du simple au double entre l'Etusa et ses concurrents. Il faut s'attendre à une ruée vers les transporteurs particuliers qui étaient fortement concurrencés par l'opérateur public.