Quelle parade face au phénomène du squat des immeubles évacués à Oran ? C'est la question que se posent de nombreux citoyens demandeurs de logements qui affirment que le phénomène a déréglé le dossier du logement soumis aux aléas d'une demande parasitée par l'arrivée d'intrus, souvent venus des autres régions du pays. En effet, des citoyens de la rue Belgharach, que nous avons approchés, soutiennent qu'ils vivent dans des immeubles menaçant ruine. «Nous vivons dans des habitations qui risquent de s'effondrer à n'importe quel moment, mais l'arrivée d'intrus, souvent des squatters, fait que nos demandes n'aboutissent pas. En 2008, quand les familles qui habitaient le quartier ont été évacuées, nous avions attiré l'attention des responsables de la commune sur le problème du squat. Mais personne ne nous a écoutés et, aujourd'hui, pour les déloger, il a fallu le recours à la force publique. Nous devons encore patienter, mais jusqu'à quand ?» affirment nos interlocuteurs. Il y a quelques mois, le wali d'Oran avait invité les responsables de la daïra à procéder à la démolition des habitations évacuées pour éviter qu'elles ne soient squattées. Mais rien n'a été fait et, à ce jour, on continue de condamner l'entrée sans vraiment aller à la solution extrême qui consiste à démolir l'habitation et récupérer l'assiette pour l'affecter au portefeuille foncier de la commune. «Le problème n'est pas aussi simple en raison de la copropriété. Certains propriétaires refusent les niveaux de dédommagement et il faudrait un nouveau texte de loi pour appuyer notre action sur le terrain. On ne peut pas démolir un bien qui ne nous appartient qu'à moitié», dira un responsable de la daïra d'Oran. Cet écueil juridique se pose pour de nombreuses habitations à Oran et le législateur devrait donner aux pouvoirs publics le moyen d'agir dans la légalité. Parmi les nombreux cas signalés, on relève l'immeuble du 17, place Gambetta. Cette bâtisse, dans un état de délabrement avancé, a été évacuée de ses occupants. Mais le problème reste posé pour les locaux commerciaux situés au rez-de-chaussée. L'immeuble représente un véritable danger public. Le balcon du troisième étage continue de pendre dangereusement au-dessus des têtes des passants et constitue une menace même pour les bus et les voitures de passage. Il faudrait préciser dans ce cas que l'immeuble se trouve dans le tracé du projet d'élargissement de l'avenue d'Arcole, et le laisser en l'état, c'est exposer des vies humaines à une mort certaine. En attendant, les autorités locales devraient obtempérer aux injonctions du wali et procéder à la démolition des sites évacués. La ville qui aspire à se moderniser gagnerait beaucoup en voyant son portefeuille foncier intra-urbain enrichi par l'apport de plusieurs assiettes.