Lorsque l'on voit l'exposition de peinture de Amel Daoudi à l'hôtel El Djazaïr on est saisi par tant de ravissement et de beauté. Intitulée «Constellation», cette exposition, qui s'inscrit dans le courant figuratif, sort des sentiers battus. On a la nette impression de pénétrer dans un univers fantasmagorique empreint de planètes d'un autre système. L'artiste peintre offre au regard une peinture alerte, aisée, avec une liberté apparente qui se reflète dans ses tableaux constellés de lumières et de formes. L'ocre, le rouge, le doré, le vert se déclinent dans une rêverie de couleurs et une féerie de luminescence et de brillance. L'artiste peintre explore des voies nouvelles et les soumet au regard. C'est à partir de la récupération qu'elle fait ses tableaux. Art et écologie Peut-on classer Amel dans le style écolo ou dans le «déchétarien», comme les Américaines qui ne jettent rien ? Certes non ! Mais son style se circonscrit dans cette voie. Elle fait de la récupération d'objets, tels que le verre cassé, et la pâte à verre. «Je n'utilise pas de produit toxique», dit elle. Sa technique est-elle originale ? Pour sûr ! «A base d'acrylique, de toile, je casse des bouts de verre de diverses formes que je colle ensuite et que je peints au gré de mon inspiration», explique-t-elle. Pourtant à voir son travail excellant de finesse, d'une extrême délicatesse et d'une profondeur de réflexion on se damnerait pour dire qu'il n'y a aucun objet de récup, mais seulement de la peinture en relief. Ses toiles de différents formats, grands ou longs panneaux, sont d'une élégance délicate et d'une effervescence frémissante. Le talent de Amel Daoudi est de combiner ses produits et ses teintes. Elle mêle une fantaisie de touches effervescentes à des sujets simples aux multiples formes ; les carrés, les ronds, les losanges sont sa prédilection. Son œuvre est d'une densité et d'une énergie particulière qui se distingue par l'ardeur des tons et la douceur de l'expression. Elle transfigure la réalité, donnant une magie à ses toiles avec une frénésie picturale volontaire. Ses couleurs fraîches, chantantes s'apparentent davantage par la manière dont elles sont posées, tantôt aérées, tantôt légères ou dynamiques. Son œuvre se caractérise par l'ampleur des compositions et par la sincère sensation de lumières, de mirages et d'illusions. Du relief, il y a en a ! En doses extrêmes, ce qui donne cette impression fabuleuse du toucher. Réflexion et rêverie En matière de durée de travail, Amel explique que «ce qui me prend du temps, c'est au niveau de la réflexion et la recherche du sujet ; une fois acquis, je travaille avec célérité», avoue-t-elle. De sa palette scintillante, luisante naît une rêverie de la douceur des accords. Ayant plusieurs cordes à son arc, Amel s'investit dans la sculpture (mauresque sur verre), l'aquarelle et la peinture à l'huile et au couteau. Mais à l'évidence son matériau préféré reste le verre. Après une année de formation à l'Ecole des arts de Paris, Amel Daoudi rentre au bercail, peu attirée par la vie trépidante de la capitale de l'Hexagone, pour fonder sa microentreprise, Art et déco, dans le cadre de l'Ansej. Elle détient également un CAP de coiffure (France). Loin des cercles des mondanités, Amel travaille en solo dans son atelier poursuivant sa voie avec fidélité. Cette expo-vente, qui se tient du 12 au 21 janvier, mérite toute l'attention et vaut le détour.