Depuis cinq jours, les habitants de la localité d'Illiltène, située au pied du Djurdjura, à 70 km au sud-est de Tizi Ouzou, vivent la peur au ventre. Des coulées de boue charriant des rochers ne cessent d'envahir El Had, le chef-lieu communal, et le village Aït Aïssa Ouyahia. Illiltène est, depuis vendredi, isolée du monde. La situation est toujours préoccupante, puisque plusieurs habitations sont cernées par la boue. Hier, le CW 253 était toujours fermé au niveau du pont Bouchiker. Faute de moyens adéquats, les habitants et les autorités locales n'arrivent pas à faire face à cette catastrophe et craignent le pire. Les écoliers sont restés chez eux et les commerces sont toujours fermés. Depuis vendredi dernier, premier jour de la catastrophe, les citoyens tentent vainement d'évacuer les énormes quantités de boue. Le déploiement de plusieurs engins s'est avéré insuffisant, vu les quantités de terre et de roche qui continuent de dévaler de la montagne. Les 21 familles évacuées n'ont pas pu encore regagné leurs domiciles et sont toujours prises en charge par des proches au niveau des villages limitrophes. «Heureusement que la solidarité est toujours de mise, sinon on est abandonnés à notre sort. Au fil des années, nous nous sommes habitués à ce genre de situation», nous dira un jeune du village Tifilkout. Notre interlocuteur précise que «l'accès au chef-lieu communal pour les villageois d'Igfilen, Taourirt Amrous, Azrou et Tizit est quasiment impossible. Seul un sentier à partir d'Azrou offre un petit passage». Durant la nuit, les villageois font la garde à tour de rôle de crainte d'être emportés par les éboulements. «On surveille de jour comme de nuit le glissement de terrain. Plusieurs personnes sont postées en haut des collines pour donner l'alerte au moindre danger. L'amélioration des conditions climatiques ne signifie pas la fin de la catastrophe. Une quantité importante d'eau a été emmagasinée par la terre après les pluies diluviennes, donc les glissements peuvent surgir à n'importe quel moment», témoigne notre interlocuteur. Avant-hier matin, une délégation composée de responsables de la wilaya, de bureaux d'études et de spécialistes a été dépêchée sur les lieux pour étudier la situation.