Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a fait, hier, une véritable révélation. Tout en affichant son hostilité à la limitation des mandats en affirmant privilégier la révocabilité des élus au détriment de l'alternance au pouvoir qu'elle assimile à «une manière de motiver les coups d'Etat», elle révélera également que le Premier ministre lui avait affirmé que la Constitution ne subira pas de changements profonds et que la nature du régime ne va pas changer. Sans afficher publiquement son soutien à un quatrième mandat du président Bouteflika et en qualifiant de prématurée sa «possible candidature» à la prochaine présidentielle 2014, Louisa Hanoune, qui s'exprimait hier au Forum du quotidien Liberté, a déclaré : «Nous ne sommes pas pour la limitation des mandats, nous sommes pour la révocabilité des élus.» Pour elle, la limitation des mandats n'est nullement une finalité en soi, par contre la «révocabilité des élus constitue le meilleur moyen de juger ces derniers». «Le PT ne juge pas un mandat, mais plutôt ce qui est fait pendant ce mandat», a-t-elle argué, prenant exemple sur le Vénézuélien Hugo Chavez. «L'alternance est créée pour motiver les coups d'Etat», dit-elle, allusion faite aux printemps arabes et à l'intervention des forces étrangères en Libye notamment mais aussi au Mali. Pour mieux étayer ses propos, Hanoune évoque la France où cette alternance «gauche-droite» aboutit aux mêmes politiques, ou encore les Etats-Unis, avec une alternance démocrates-républicains, aux mêmes effets et résultats. Elle proposera dans la foulée que cette disposition qui lui est chère, relative à la révocabilité des élus (de l'APC jusqu'à la présidence) soit introduite dans la prochaine révision de la Constitution qui nécessite également un débat. Le Premier ministre aurait, selon elle, laissé entendre qu'un débat sera ouvert à ce propos. Ce qu'il lui a affirmé, par contre, c'est la nature du système politique qui ne changera pas et le fait que la Constitution ne subira pas de changements profonds à l'occasion de la révision constitutionnelle qui interviendra cette année. «Le régime restera semi-présidentiel et la révision constitutionnelle ne sera pas approfondie», a-t-elle affirmé, citant Sellal auquel elle a transmis, lors de leur rencontre, les propositions du PT. Celles-ci se résument en une réelle indépendance de la justice, une vraie démocratie, l'élargissement de la saisine du Conseil constitutionnel aux citoyens ou encore un véritable multipartisme. Appel à «la mobilisation pour la sauvegarde de la souveraineté nationale» Favorable à un système parlementaire et une assemblée constituante qu'il faut reléguer au second plan en raison des changements qui se passent actuellement à nos frontières – l'urgence pour elle étant de sauvegarder l'intégrité territoriale et de défendre la souveraineté nationale – Louisa Hanoune aurait préféré le report de la révision de la Constitution qui va échoir à un Parlement «croupion» où siègent des barons et certains patrons hostiles qui servent les puissances étrangères. Elle appellera d'ailleurs dans la foulée l'ensemble des partis et des organisations à défendre la souveraineté nationale et l'intégrité du territoire, plus que jamais menacées par la guerre au Mali qu'a engagée la France, «une guerre d'occupation» dont l'enjeu est «l'uranium, l'or et le pétrole», et qui vise directement l'Algérie qui reste, selon elle, «un exemple qui refuse les contraintes imposées par l'administration américaine et la France». «Cela dérange les plans qui visent à transformer la région en un vaste champ de bataille pour la piller ensuite», a-t-elle argumenté, tout en louant la position de l'Algérie et son principe de non-ingérence. Interrogée sur le silence du chef de l'Etat, Louisa Hanoune qui regrette qu'en matière de communication «l'Etat n'a pas été à la hauteur», a rappelé que Bouteflika «a suivi de bout en bout» l'intervention de l'armée à Tiguentourine, ajoutant qu'«il a peut-être sa politique de communication», opposée à celle des Occidentaux qu'elle assimile à de la «propagande de guerre». Elle consentira par contre que parmi les «fragilités» de l'Algérie figure la communication aux côtés du «manque d'homogénéité et de liberté». A ceux qui critiquent le chef de l'Etat, c'est-à-dire l'initiative des 11 partis qui ont tiré à boulets rouge sur le président, «prié» de dégager, elle invite ces derniers qu'elle qualifie de «4 chats pelés et 2 chats tondus» à se porter candidats à la prochaine présidentielle. «Qui est derrière eux ?», s'interroge Hanoune qui réitère, pour conclure, son appel à la «mobilisation de tous pour la défense de la souveraineté nationale».