L'institution de la révocabilité, qui donnerait au peuple la latitude de mettre fin, à travers un référendum ou toute autre disposition juridique, au mandat des élus, du maire jusqu'au président de la République, suscitera sans nul doute, à ses yeux, l'adhésion de la population. Le Parti des travailleurs, à l'inverse de certaines formations politiques, n'est pas pressé de se lancer dès à présent dans la bataille de l'élection présidentielle dont le scrutin est prévu dans six mois. Les raisons ? Absence de détails sur la nature des amendements envisagés et nécessité aux yeux du parti d'un assainissement de la situation du pays dont les signaux sont à bien des égards au rouge. “Rien ne presse, on décidera souverainement au moment opportun”, a indiqué Louisa Hanoune, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège du parti à Alger, en réponse à une question sur la participation ou non de son parti au prochain rendez-vous électoral. “Nous estimons que le Président a le temps et les moyens d'assainir la situation car ce sera terrible que ça se passe comme en 2004”, a-t-elle averti. Dans ce contexte, l'arrêt des privatisations, le non-emprisonnement des harragas et l'amélioration de la situation des travailleurs peuvent participer de la création des conditions pour la tenue des élections. Hostile à la limitation des mandats, une disposition contenue dans la Constitution de 1996, laquelle a été produite dans “un contexte de guerre et avait consacré la régression”, selon sa rhétorique, Louisa Hanoune, admiratrice des politiques prônées par Evo Morales en Bolivie ou encore Hugo Chavez au Venezuela, soutient que le problème n'est pas tant dans les mandats autant qu'il relève de la nécessité de rendre la souveraineté au peuple. “Ce n'est pas un problème de mandat. Nous sommes pour la liberté de candidatures. Mais l'essence de la démocratie est la révocabilité”. L'institution de la révocabilité, qui donnerait au peuple la latitude de mettre fin, à travers un référendum ou toute autre disposition juridique, au mandat des élus, du maire jusqu'au président de la République, suscitera sans nul doute, à ses yeux, l'adhésion de la population. De fil en aiguille, elle estime que pour la révision de la Constitution, “le fond doit primer sur la forme”, d'où sa préférence de la voix référendaire. Car un passage par le biais du Parlement discréditera davantage le travail des élus d'autant qu'elle interviendra au lendemain de l'augmentation des salaires des députés. Une augmentation qu'elle qualifie d' “aberration” et de “provocation”. “Nous sommes en colère, ça discrédite l'acte politique. C'est un danger d'autant qu'elle intervient à la veille de la révision de la Constitution. Il n'y a pas de hasard en politique”, a-t-elle dit comme pour suggérer qu'on veut “acheter la caution des députés”. “Il n'y a pas de quoi être fier de l'APN”, a t-elle pesté. Ce qui a encore ajouté à son courroux, c'est aussi l'effet rétroactif de l'augmentation, sa coïncidence avec l'octroi de “l'humiliante prime de scolarité” et les taxes imposées dans la loi de finances complémentaire dont elle suggère que le recours à cette procédure a été délibéré pour éviter le débat. D'où son souhait que le Conseil constitutionnel se penche sur certaines lois jugées “illégales”. En tout état de cause, la porte-parole du PT revendique un “débat”, car il y a “trop de gabegie et de pillages”, ainsi qu'un “bilan” des politiques menées jusque-là, notamment sur le plan économique. Mais le refus des autorités d'accepter le débat traduit, selon elle, certaines contradictions qui agitent le sommet de l'Etat. Une seule alternative pour sortir donc de ce cercle vicieux des luttes au sommet : l'élection d'une assemblée constituante, conclut Hanoune. Karim Kebir