La problématique de l'emploi à Ouargla est tellement complexe que les sans-emploi de la région affiliés au Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) sollicitent… l'ANP, soudainement remise sur la scène, après son intervention remarquée à Tiguentourine (In Amenas) contre les hordes terroristes. L'armée est sollicitée cette fois pour mettre fin à ce que les chômeurs qualifient de «terrorisme administratif». Même si l'idée paraît loufoque et invraisemblable, les chômeurs de Ouargla ont tenu à marcher hier pour faire aboutir leur «revendication» au commandement de la IVe région militaire. La marche à laquelle ont pris part quelque 200 personnes, selon des sources locales, s'est ébranlée de la place du 1er Mai au centre-ville en passant, et ce n'est nullement fortuit, devant le palais de justice de la ville où plusieurs chômeurs ont été condamnés à de lourdes peines de prison et à de fortes amendes, et devant le bureau de l'Anem (Agence nationale pour l'emploi), accusée de trafic, d'exclusion et de corruption, et devant les sièges des partis majoritaires (FLN et RND) «qui ont pillé le pays», slogans brandis par les marcheurs pour aboutir au siège de l'institution militaire, «seule institution fiable» qui symbolise pour ces chômeurs «la souveraineté et les intérêts de la nation». Mais quel intérêt ont ces sans-emploi à interpeller l'armée pour résoudre un problème purement administratif et qui, de surcroît, ne relève pas de ses prérogatives ? «Le but est de marquer le coup et de porter à la connaissance du grand public l'étendue du désespoir des chômeurs», affirme Tahar Belabbès, un des principaux animateurs du CNDDC joint au téléphone pour qui «le pays ruiné est aujourd'hui guidé par l'anarchie et la solution ne réside que dans l'intervention de l'armée». Tahar Belabbès affirme également qu'une lettre a été déposée auprès du secteur militaire dont les responsables n'ont pas daigné les recevoir. Parmi les marcheurs, un député de Ouargla d'obédience MNE qui a promis selon notre interlocuteur d'aider les chômeurs en transmettant leurs doléances aux autorités concernées (ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale). «Le député est prêt à aller avec nous à Alger et à nous accompagner dans nos futures manifestations», a ajouté Tahar Belabbès qui explique que les chômeurs «ont perdu espoir en l'administration civile». «Nous ne demandons finalement que des postes d'emploi stables et dignes», a-t-il ajouté, avant de promettre d'autres actions de protestation hebdomadaires. Le problème de l'emploi dans cette wilaya n'est pas près de connaître son épilogue. Malgré les promesses de prendre à bras-le-corps tous les problèmes énumérés par les chômeurs qu'a rencontrés, il y a deux ans déjà, le directeur de l'Anem Tahar Chaalal que nous n'avons pas pu joindre hier, la délicatesse du dossier dans lequel plusieurs intervenants influents «jouent leurs cartes» fait que la situation demeure instable.