«Coupables» d'avoir voulu mettre fin à leurs jours en s'immolant par le feu il y a quelques mois, pour dénoncer les «abus de pouvoir» des autorités chargées de l'emploi au niveau local, les deux chômeurs «activistes» de Ouargla risquent une lourde peine de prison. Selon Tahar Belabbes, porte-parole du Comité national de défense des droits des chômeurs et Madani Madani, membre actif de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), le procès des deux chômeurs s'est tenu hier au tribunal de la ville «sous haute tension en présence de plusieurs chômeurs venus soutenir leurs collègues». Les mêmes sources affirment que le procureur a requis une peine de 2 ans de prison. «Le plus grave dans cette affaire c'est que le chef d'inculpation retenu contre ces deux jeunes relève de l'imaginaire. Ils sont tout simplement accusés de vouloir incendier un centre d'entraînement appartenant à la DGSN, alors qu'ils étaient bien loin du lieu lorsqu'ils ont essayé d'attenter à leur propre vie pour simplement protester contre la hogra et les passe-droits dont est victime la jeunesse locale, notamment dans le dossier de l'emploi», a expliqué Madani Madani dans une déclaration au Temps d'Algérie. «A mon sens, ce procès est éminemment politique», juge la même voix «car les deux jeunes sont connus pour leur combat au sein du comité de défense des droits des chômeurs». D'après Tahar Belabbes, le verdict sera rendu le 12 septembre. Le Comité de défense des droits des chômeurs, rappelle Belabbes, prévoit un sit-in devant la présidence de la République «dans les prochains jours». L'on s'attend déjà au pire à Ouargla où la tension est perceptible depuis quelque temps. «La tension est de mise depuis toujours», ironise M. Belabbes évoquant «un supplice collectif» dont souffre la population de Ouargla en général et la jeunesse en particulier. En effet, outre les problèmes de l'emploi qui n'ont pas disparu malgré les promesses du directeur de l'Anem, Mohamed Tahar Châalal, et l'envoi d'une commission d'enquête – administrative, avait précisé Chaâlal dans un entretien accordé au Temps d'Algérie – décriée par les chômeurs qui affirment qu'elle n'a fait que compliquer les choses, les habitants de Ouargla sont confrontés à d'autres problèmes, notamment les coupures fréquentes du courant électrique qui plongent dans le noir total plusieurs quartiers de la ville. Ouargla risque encore une fois de s'embraser.