Le budget de l'emploi en Algérie a été multiplié par quatre fois et demi entre 2008-2012, mais «la tension sur l'emploi persiste depuis 2000», a averti hier à Alger Aïcha Edjekouane, chef division des études sociales au Conseil national économique et social (Cnes). A l'occasion du workshop, sous le thème «Quelles nouvelles problématiques et quel rôle pour la société civile organisée pour la promotion de l'emploi et l'intégration socioprofessionnelles des jeunes», Mme Edjekouane a présenté l'expérience algérienne dans le domaine de l'emploi et a, d'emblée, suggéré «une évaluation objective des différents programmes d'emplois engagés par l'Etat». Elle ajoutera que «la question de l'emploi est considérée comme une urgence nationale» au regard des exigences de la population et les évolutions mondiales. Même si le programme quinquennal 2010-2014 prévoit la création de trois millions d'emplois, la création de postes d'emplois reste «difficile». En dépit d'une économie peu diversifiée, l'industrie manufacturière, qui est l'un des plus importants secteurs pourvoyeurs d'emplois, demeure marginale et ne représente que 5 % du tissu économique. Quant aux secteurs agricole et industriel, ils «n'ont pas encore atteint le niveau de développement indispensable» pour contribuer à la création de l'emploi. Les jeunes algériens, prévient la spécialiste des questions sociales, ont de nouvelles exigences en termes de stabilité d'emploi, de compatibilité de leurs diplômes et de rémunération. Les mesures incitatives prévues pour les entreprises créatrices d'emploi et les différents dispositifs d'emploi d'attente comme le Dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP) qui offre aux jeunes diplômés un salaire de 15 000 DA durant trois années ne peut répondre à leurs réelles attentes. «Le chômage de longue durée» : une menace Certes, ce dispositif permet d'améliorer leur employabilité mais ne représente pas d'alternative, surtout que le chômage des jeunes et des universitaires reste élevé. Entre 2008-2012, les dispositifs d'emplois ont permis la création de 1,4 million d'emplois. Cependant, en 2011, le taux de chômage de cette frange de la société a été de 16%, ce qui est «préoccupant» car il conduit à «l'installation du chômage de longue durée». Pour sa part, Mohamed Seghir Babès, président du Cnes, a plaidé pour une politique «d'anticipation» et de «sortir de la dépendance des hydrocarbures qui est une source rentière». Participants aux travaux du workshop, plusieurs présidents des Conseils économiques et sociaux (CES) de plusieurs pays africains, membres de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), ont mis l'accent sur le chômage des diplômés. Michel Kamano, président du CES de la Guinée, a averti que «les chômeurs diplômés sont livrés aux manipulations politiques et à la contrebande». La crise au Mali et dans d'autres pays africains renseigne sur le malaise qui prévaut dans le milieu des jeunes qu'il faudra prendre en charge. Les jeunes sont «frustrés et c'est un phénomène régional, voire mondial», a-t-il averti. De son côté, le président du CES du Gabon qualifiera le chômage des jeunes de «danger potentiel». Les CES devront formuler leurs recommandations au cours du workshop qui s'achèvera aujourd'hui. Un rapport sera élaboré pour le présenter à l'occasion du sommet du G20 qu'accueillera la Russie en septembre prochain. M. Babès a plaidé en faveur «d'un pacte mondial de croissance économique et de stabilité sociale orienté vers le développement durable». Ce pacte, a-t-il ajouté, «est le seul susceptible de soutenir et de contenir l'immense énergie que recèle la jeunesse à l'échelle planétaire».