L'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) réclame une réaction du ministre de la Justice ou de Sonatrach pour informer l'opinion publique sur l'affaire de corruption où est impliqué le groupe pétrolier italien ENI, mis en cause dans une affaire de pots-de-vin versés à des responsables algériens. «Ce silence est plus qu'inquiétant : l'opinion publique algérienne est en attente d'au moins une déclaration de Sonatrach, ou à défaut du ministère de la Justice», réclame l'AACC. L'association «souhaite que s'installe rapidement une coopération entre les justices italienne et algérienne», d'autant, qu'en plus des instruments internationaux existants et obligeant les deux pays à coopérer en matière de lutte contre la corruption, ces derniers sont aussi liés au plan bilatéral depuis le 13 février 2005 par une Convention relative à l'entraide judiciaire en matière pénale. Cet instrument «devrait faciliter les choses dans le traitement de cette affaire». Selon l'AACC, l'entraide judiciaire est possible, car il n'y a plus de vide juridique en matière de coopération internationale dans la lutte contre les affaires de corruption transfrontalière. ‘L'Italie, dès 2000, a ratifié la Convention de l'OCDE qui pénalise la corruption de fonctionnaires étrangers», a-t-elle noté, ajoutant que le gouvernement algérien «doit affirmer haut et fort sa volonté de laisser la justice poursuivre l'enquête». Celle-ci, prévient l'association, «ne doit pas être à deux vitesses», c'est-à-dire «inculper les uns et épargner les principaux responsables de ce scandale». Des mesures conservatoires doivent être prises pour que nul n'échappe à la justice, demandant tacitement de juger même les hauts cadres de l'Etat qui seraient impliqués dans ce scandale. L'association rappelle que l'Algérie a adopté la loi n°06-01 du 20 février 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, qui est le résultat de la transposition en droit interne de la Convention des Nations unies de 2003. Dans son article 57, cette loi évoque, «sous réserve de réciprocité et autant que les traités, accords et arrangements pertinents et les lois le permettent, que l'entraide judiciaire la plus large possible est particulièrement accordée aux Etats parties à la convention, en matière d'enquêtes, poursuites et procédures judiciaires concernant les infractions de corruption prévues par la présente loi». ENI déjà concerné par la corruption il y a 20 ans L'association relève que le groupe italien ENI a été déjà éclaboussé par des affaires de corruption en Algérie. «Il y a 20 ans, le 4 avril 1993, l'hebdomadaire italien L'Espresso publiait les révélations du président de l'ENI de l'époque à un juge italien de l'opération «mains propres» où il était question de pots-de-vin versés à des intermédiaires pour faciliter la conclusion de négociations sur l'achat de gaz algérien et le doublement du gazoduc qui relie les deux pays», a précisé l'association. Quelques jours plus tard, «le gouvernement algérien annonçait l'ouverture d'une enquête, demandait à son ministre des Affaires étrangères d'entrer en contact avec les autorités italiennes pour mieux s'informer du dossier». Il donnait également instruction au ministre de l'Energie pour que Sonatrach «se constitue partie civile auprès des juridictions italiennes dans le cadre de cette affaire», a ajouté l'AACC. L'association conclut que «si de grandes affaires de corruption continuent de polluer les relations économiques et commerciales entre l'Algérie et l'Italie depuis plus de 30 ans, c'est que dans ces deux pays, pas grand-chose n'a été fait pour contrer ce fléau». Elle rappellera les tristes scores des deux pays au niveau de l'Indice de perception de la corruption (IPC) pour 2012 : la 72e place pour la l'Italie (dernière au niveau des 27 pays de l'Union européenne), et la 105e place pour l'Algérie.