L'Algérie a régressé, cette année, et occupe la 112e place mondiale, avec une mauvaise note de 2,9 sur 10, en matière d'indice de perception de la corruption (IPC). Cette information a été livrée, jeudi, par l'Organisation non-gouvernementale de lutte contre la corruption Transparency International (TI). C'est-à-dire, dans un contexte national marqué notamment par la poursuite de l'instruction judiciaire dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest et dans celle du groupe pétrolier Sonatrach. Dans un communiqué rendu public le jour même, l'association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), et membre de TI, n'a pas semblé surprise par ces “très mauvais résultats de l'Algérie” qui s'affichent pour la 9e année consécutive et qui placent notre pays loin derrière nos deux voisins, le Maroc (80e place) et la Tunisie (73e place). En effet, l'association a annoncé que “ces dernières années ont été marquées non seulement par une explosion des affaires de grande corruption, mais aussi par une totale absence de volonté politique du pouvoir à lutter contre la corruption”. L'AACC a, en outre, indiqué que l'Algérie a perdu 7 places par rapport au classement de 2010, en notant que ce “très net recul (…) est révélateur de l'aggravation de la situation qui prévaut en Algérie, en matière de gouvernance”. Dans ce cadre précis, la section Algérie de Transparency International a tenu à rappeler qu'une note inférieure à 3 sur 10 signifie ni plus ni moins l'existence d'un “haut niveau de corruption au sein des institutions de l'état”. Tout en s'attachant aux enjeux actuels, l'AACC, très critique envers le pouvoir algérien, a révélé que celui-ci “s'acharne surtout à combattre les organisations et les militants politiques et associatifs qui dénoncent la corruption et essaient de multiplier les initiatives pour la contrer”. Et, faisant écho aux appréciations et commentaires exprimés, ici et là, par des partis politiques et des associations, l'AACC a constaté que le régime politique actuel “affiche de plus en plus ouvertement ses pratiques autoritaires, répressives et liberticides”, en usant de l'expression “réforme”, alors qu'il est question de “projets de loi remettant en cause les quelques acquis très chers aux Algériens, dont les libertés de la presse et d'association”. Plus encore, l'Association algérienne de lutte contre la corruption a observé que le pouvoir algérien, “gangréné par la corruption, est prêt à tout pour se maintenir en place”, justifiant cela par la manipulation du code des marchés publics, “le vidant de toute sa substance”, l'instrumentalisation de la justice, “dont le traitement judiciaire à plusieurs vitesses des grands scandales de corruption est un des aspects les plus sombres”, la répression, le harcèlement et l'emprisonnement “en toute illégalité, (de) tout citoyen qui ose rendre publics des détournements et autres gabegies”. Il y a lieu de noter que pour TI, deux tiers des pays de la liste (183 pays) ont obtenu des notes inférieures à 5, ce qui laisse entendre qu'il reste beaucoup à faire pour lutter contre la corruption, dans le monde. Selon l'ONG, la corruption continue d'affaiblir beaucoup de pays et l'IPC montre que certains gouvernements “échouent à protéger leurs citoyens contre (…) les détournements de ressources publiques, de pots-de-vin ou de prises de décisions tenues secrètes”. Elle a aussi affirmé que les manifestations organisées à travers le monde, “souvent alimentées par la corruption”, et l'instabilité économique illustrent que “les citoyens avaient le sentiment que leurs dirigeants et institutions publiques n'étaient ni assez transparents ni assez responsables”. “Que ce soit en Europe, frappée par la crise de la dette, ou dans le monde arabe, à l'aube d'une nouvelle ère politique, les dirigeants doivent prendre en compte l'exigence d'une meilleure gouvernance”, a averti cependant Huguette Labelle, responsable de Transparency International. Hafida Ameyar