Des milliers de partisans du parti islamiste Ennahda, au pouvoir, manifestaient samedi dans le centre de Tunis pour défendre le droit de leur mouvement à diriger le pays qui traverse sa pire crise politique depuis la révolution de janvier 2011. "Dieu est le plus grand", "Avec la légitimité et pour l'unité nationale", "le peuple veut Ennahda de nouveau", "le peuple veut un Ennahda en acier", a notamment scandé la foule sur l'avenue centrale Habib Bourguiba, haut lieu de la révolution. Les manifestants, dont les rangs ne cessent de grossir, brandissent des dizaines d'étendards du parti islamiste, de drapeaux nationaux, ainsi que quelques bannières noires de la mouvance salafiste. La manifestation prévue pour durer jusqu'à 15H00 GMT (16H00 locale) vise à défendre le droit d'Ennahda à diriger le pays alors que le Premier ministre Hamadi Jebali essaye depuis le 6 février et l'assassinat de l'opposant anti-islamiste Chokri Belaïd de former un gouvernement apolitique, contre l'avis de ce parti dont il est le numéro deux. Ce meurtre a plongé le pays dans une profonde crise politique en raison de l'incapacité des partis de s'entendre sur un nouveau cabinet et de trouver les tueurs de l'opposant. Après avoir rencontré les chefs des principaux partis, M. Jebali a annoncé vendredi de nouvelles consultations lundi sur son initiative, reportant sine die la composition du gouvernement, dont l'annonce était prévue samedi, et prolongeant la crise politique dans le pays. La manifestation de samedi est la seconde à l'initiative d'Ennahda depuis l'assassinat. La première avait lieu le 9 février avec une mobilisation de seulement 3.000 personnes, alors que les funérailles de l'opposant anti-islamiste la veille avaient réuni des dizaines de milliers de personnes.