Un fait divers nous rappelle une dure réalité que de nombreux élèves vivent au quotidien. Les châtiments corporels font encore école dans les établissements scolaires algériens, allant jusqu'à la violence dans certains cas. Ainsi, les enfants continuent d'évoluer, et ce à l'intérieur même de murs censés les protéger, dans la violence, qu'elle soit physique ou verbale. Bien qu'interdits par les nouvelles dispositions de la loi d'orientation récemment promulguée par le ministère de l'Education nationale, ces châtiments sont toujours appliqués par les enseignants et le corps éducatif. Excès de zèle, agressivité gratuite ou emportements passagers dus à un état de fatigue et de nervosité permanent ? Car, il est vrai, et à décharge du corps enseignants, nos pédagogues travaillent dans des conditions des plus difficiles. La liste est évidemment longue : classes surchargées, manque de moyens pédagogiques et de structures, salaires le peu qu'on puisse dire pas très motivants, élèves chahuteurs et prêts à tout, jusqu'à en venir parfois aux mains en classe même. On peut dès lors comprendre que cette corporation connaît un nombre important de cas de surmenage, de dépressions et de «nervous breakdown». Les enseignants, dépassés par des élèves peu intéressés par le cours dispensé, turbulents et dissipés, sont à court d'arguments pour calmer la classe. Ils ont les nerfs à fleur de peau et reproduisent des gestes qu'ils ont sûrement subis eux-mêmes. Mais est-ce que le surmenage et la surcharge des classes peuvent justifier ces dépassements ? Car depuis que le monde est monde et depuis la création de l'école, les enfants sont turbulents et indisciplinés. C'est un fait partagé par tous. Un enseignant qui a peut-être été lui-même un «cancre», en choisissant d'embrasser une carrière d'enseignant est conscient de cet état de fait. Revient alors le problème de l'orientation universitaire et professionnelle, qui veut que chaque personne exerce un métier selon ses capacités évidemment, mais aussi par passion et par vocation. De plus, fournir au corps enseignant de meilleures conditions de travail est une nécessité pour avoir un système éducatif des plus performants. Comme préconisé d'ailleurs dans une liste de «dispositifs d'action» établie dans un cadre d'étude par le Cread et l'Unicef au sujet de la violence à l'école, il est urgent d'accroître les moyens humains (enseignants, surveillants, adjoints de l'éducation, assistants sociaux) pour encadrer les élèves et réduire la taille des classes. De même, il est recommandé de modifier le profil des programmes, horaires et effectifs scolaires pour une optimisation de l'acte éducatif, centré non plus sur la transmission des savoirs, mais sur la construction et le développement de l'élève, ainsi que d'élaborer, financer et mettre en œuvre des stratégies de formation pour les personnels enseignants et administratifs dans la gestion de la violence en milieu scolaire et des conflits.