La réalisatrice française Euzhan Palcy, présidente du grand jury du Fespaco 2013, le grand festival du cinéma africain qui s'est ouvert samedi à Ouagadougou, passe devant l'écran en racontant dans un film d'une minute la légende de la princesse Yennenga. Le grand prix du Fespaco, l'Etalon d'Or de Yennenga qui sera remis au meilleur long métrage avec les autres trophées le 2 mars, rend hommage à la princesse Yennenga, célèbre amazone et reine-mère du peuple Mossi, l'ethnie majoritaire du Burkina Faso. Dans ce petit film produit pour le festival et destiné à des télévisions, la réalisatrice martiniquaise de "Rue Case-nègres" et d'"Une saison blanche et sèche" raconte, face caméra, la légende de Yennenga, jeune fille qui menait au combat les guerriers de son père, le roi de Dagomba, dont elle sauva le royaume. Son père était tellement attaché à elle qu'il ne voulait pas la marier, jusqu'au jour où Yennenga fit une fugue et trouva sur sa route un jeune chasseur, Rialé. De leur union naquit un garçon qu'ils nommèrent Ouédraogo, un nom qui signifie "cheval mâle" en langue mooré (la langue des Mossi) et est l'un des patronymes aujourd'hui les plus courants dans le pays. Euzhan Palcy s'est-elle reconnue dans cette héroïne? Le grand poète de la Martinique Aimé Césaire "l'appelait sa petite guerrière", souligne sa biographie fournie par son service communication. C'est la fête au Fespaco Au Fespaco, il n'y a pas que les films. Depuis plusieurs années, l'événement se pose en grand festival culturel (musique, mode, artisanat, etc.). Chaque soir au siège du Fespaco, les festivaliers ont droit à des "nuits musicales" avec les meilleurs artistes burkinabè. Un défilé de mode est aussi au programme la semaine prochaine avec des stylistes d'Afrique de l'Ouest et Centrale. Et la place de la Nation, le plus grand espace public de Ouagadougou, abrite déjà un mini-salon de l'artisanat. Les "amazones" président dès dimanche Pour sa 23e édition, la biennale du cinéma africain a confié pour la toute première fois la présidence de tous les jurys à des femmes, qui se mettent au travail dès dimanche avec les premières projections. Outre Euzhan Palcy au grand jury (long métrage), Jackie Motsepe (Afrique du Sud) préside le jury TV et vidéo numérique, Wanjiru Kinyanjui (Kenya) le jury court métrage et film d'école, Osvalde Lewat-Hallade (Cameroun) le jury documentaire et Beti Ellerson (USA) le jury diaspora. Sur les 27 membres des différents jurys, on compte 14 femmes et 13 hommes venus de 23 pays différents.